Alchimie /et/La maison Corolle par: Fatima Maaouia-poétesse algéro-tunisienne-Tunis

Fatima Maaouia

Hier je n’ai pas pensé à toi

Une seule fois

J’y ai pensé dix, mille fois !

Sans arrêt tu occupes mon esprit aux arrêts

Fonds dans ma bouche barrée

Brûle mon cœur endolori

Aujourd’hui

Au temps nu du lierre gris

Égaré sans mélodie et sans humus

C’est beaucoup plus

Dès que j’ouvre les yeux

Entre eucalyptus

Ciel mélancolie

Et rangées d’orangers qui tissent

Souvenirs lumineux

Citrons

Miel aigres doux revêches odorants

Rêveurs heureux ou houleux

Songe orange amère enceinte de sensations

Récits

Chaleur joie peur pluie

Insomnies blessures tristesses

Bras tendresse

Fruits passion

Fragilité ombre stress

Tension

C’est à l’unisson

Plongée introspection

À la recherche de mon autre moi-même

Que mes pensées en flammes

Circulent en chaîne

Me tiennent en haleine m’entraînent

Crient bourdonnent rient grondent

Hurlent vocifèrent à la ronde

Tombant drues du ciel

Sautillent et crépitent en parallèle

Au delà du visible et du réel

Des douleurs des orages

Des religions frontières mythes et mirages

Se vident se remplissent comme un feu d’artifice

Mon esprit glisse

En passant par hier aujourd’hui et demain

C’est tout le temps, tout le temps

Qui prend ton chant tes couleurs et ton teint

Toi, mon prochain

Témoin partenaire et soutien

De mon noyau humain

Toi seul qui malgré les problèmes

Toi seul fait germer Étincelle et Gemmes

Vivants

Les moments suivants

 

La maison Corolle

 

Il y’a si longtemps si longtemps

Je connaissais cette maison

Corolle plantée au sol

La maison

Aujourd’hui port sans horizon

Et sans boussole

Poumon et corps écrasés par le béton

La maison Accueil

Plantée Corolle

Qui ne cesse de me hanter, dont le rôle

Était de vous ouvrir les bras

Poules famille chats

Or du soleil et du cœur dès le seuil

Les oiseaux mangeaient dans nos mains

Badia dans sa cuisine

Mijotant ses plats de Djerba et de Constantine

Presque sans sel …

Ce qui faisait tiquer les petits

“Pour leur éviter le sel de la vie”

Disait- elle !

Je me souviens des tapis coriandre tym

Et romarin

La maison

Écrin

Qui faisait des pieds et des mains

Pour que les copains poussent la porte enfin

Et pénètrent en son sein

Où rire poésie et pain

Se laissaient pétrir sans fin

Où malgré la douleur

D’ici et d’ailleurs

Les chiens hyènes et vautours des alentours

Car il y’ en a toujours

On était bien !

Le cœur routeur n’avait pas peur

D’enlacer rêve et fleurs

La maison où

On allait jusqu’au bout du beau en nous

Et où

Rejetés au loin

Boue

Trahison d’amitié de générosité et de vérité

Solitude malveillance obscurité

Indignité et morosité …

Qui risquaient de vider la maison de son bien

N’avaient plus qu’à mourir de faim

 

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