La grande leçon du confinement par : Adel EL Ouarz – Marrakech – Maroc

Adel EL Ouarz

«  Nous avons, au fil du temps et des expériences, développé des modes de vie qui nous réconfortent, qui nous apaisent, qui nous font jouir. Nous nous sommes accoutumés à des activités auxquelles nous nous donnions régulièrement à telle enseigne que nous avions cru qu’elles étaient indispensables à réaliser notre être, à nous faire parvenir à l’état d’accomplissement qui nous meut et nous » émeut, constamment, régulièrement.  L’habitude s’était installée et chacun semblait avoir trouvé sa voie : Chacun s’était entrainé dans le cycle de la vie avec les activités lui permettant de vivre, de bien-vivre sinon de lutter pour survivre. On a oublié que la vie était un ensemble de cycles, que le changement est la loi naturelle des choses, « que tout coule et se métamorphose », que les rebondissements, les coups de théâtre, les grandes transformations dans les modes de vie et  dans les pensées sont parfois imposés par une volonté universelle qui nous transcende, qui agit sur nos volontés, qui oriente nos actions et qui redéfinit le sens que nous avons toujours donné à notre existence.  Il y a peut-être dans les moments de crise quelque chose qui ressemble à cette loi puissante qui dicte le changement et ouvre d’autres perspectives, d’autres possibilités, d’autres horizons dans la vie.
Le confinement sanitaire, salutaire qui nous est imposé nous a renvoyé donc à nous-mêmes : Nous nous sommes réveillés avec la nécessité de renoncer à l’expression libre de notre volonté. Nous sommes contraints désormais à vivre notre vie à moitié, à renoncer à une partie de ce qui faisait notre vie : Des rencontres, des divertissements, des amitiés… Toutes ces activités qui représentaient la somme de notre existence ne sont plus possibles : le champ d’action qui était le nôtre s’est rétrécit,  il n’y a plus d’autres sphères qui pourraient nous accueillir sauf cette sphère très restreinte, celle de chez-soi,  dans laquelle nous nous sentons comme incarcérés. Nous avons ainsi été secoués par ce changement brusque, violent, brutal qui s’est introduit à l’improviste dans notre mode de vie quotidien. Confinés, réduits à l’impuissance, envahis par les nouvelles traumatisantes qui viennent de l’ici et de l’ailleurs, nous avons senti « l’insoutenable légèreté de l’Etre » : Voici ce qu’est devenue notre condition d’être humains infiniment petits ; une petitesse que nous n’avons jamais ressentie. « Incapable de rester seuls dans une chambre » nous avons réalisé pourtant qu’il faudrait inventer d’autres voies, se frayer d’autres chemins, découvrir d’autres possibles pour supporter la lourdeur du présent, la pesanteur de la réalité. Un moment de gestation s’est imposé alors. Nous avons pris conscience qu’il faudrait se recréer, se réinventer et inventer un autre mode de vie, chercher un autre sens, celui, peut être, comme disait l’autre, de l’Essentiel. NOUS REINVENTER, oui,  Nous en sommes capables. RETROUVER L’ESSENTIEL : c’est peut-être ce à quoi présentement la vie nous invite. L’ennemi invisible qui nous guette, qui nous effraie et nous angoisse est là peut-être pour nous rappeler le caractère sclérosant de nos modes d’être dans le monde : Se réinventer, oui, j’en suis convaincu maintenant, c’est une obligation salutaire pour nous sauver du vrai ennemi, de l’ennemi redoutable qu’il faut craindre le plus: la stagnation, la constance,  la persistance dans la voie de la continuité irréversible de nos pensées, de nos actions dans le monde. Se confiner, s’enfermer dans un espace exigu, limité, cela doit être en effet un moment de lucidité pour retrouver la voie qui mène au bon port !
L’essentiel consiste, c’est une certitude maintenant,  à « s’inventer un nouveau mode d’être » dans le moment nécessaire du confinement. Un temps de confinement sine qua non, crucial,  important et nécessaire oui, car la  lumière apparait clairement dans les lieux obscurs : Nous ne réaliserons cette recréation de nous-mêmes qu’en étant confinés, hantés par  l’idée de notre vulnérabilité et habités par l’angoisse que provoque le flux des mauvaises nouvelles qui, bon gré mal gré, proviennent jusqu’à nous comme s’il était impossible d’en être épargné le temps d’une seconde.
Le confinement, c’est le grand temps du changement. C’est un moment qui permet à la loi naturelle du changement à conduire à penser à d’autres possibilités dans la vie car la vie est un univers infini de possibilités. Le confinement, c’est le temps donc de se repérer et de trouver «  le sens et l’essentiel ».  L’essentiel, c’est donc peut-être chercher un nouvel équilibre par nous-mêmes,  trouver des antidotes aux grand maux qui nous angoissent du fait que nous ayons été entrainés dans un mode d’existence pour beaucoup d’entre nous frustrant car il ne provoque que déceptions et désillusions.

Le confinement est ainsi « un moment de soi à soi »pour que l’homme, par lui-même et au fond de lui-même,  confiné, seul et esseulé,  trouve  le remède  à ses maux  les plus profonds sans aucun recours à  une panacée extérieure. En plus, si le confinement est le moment pour trouver « l’essentiel »dans la vie, c’est que l’homme  doit trouver cet essentiel dans sa propre sphère. Mais qu’est ce que trouver « l’essentiel » sinon voir la positivité  dans un regard proche, dans un sourire vivant,  dans une affection sincère et apaisante !  Tout ceci est accessible, il nous appartient !  Le confinement nous l’apprend. Le confinement nous détourne ainsi de toutes ces activités et ces choses  qui nous aveuglent, et que nous valorisons  au point d’y apercevoir la seule condition d’une vie digne d’être vécue. Chercher l’essentiel dans la proximité, dans ce dont on dispose, avec ceux et celles qui «  sont à côté de nous ; mais que nous ne voyons pas, que nous touchons mais  que nous ne  sentons pas », dans les vieux livres qu’on n’a pas encore lus, dans les belles choses que nous n’avons pas encore vues. Trouver l’essentiel au fond de soi-même : un regard interne, une introspection, un beau geste, un rapport affectif authentique avec soi-même et  avec son entourage. Aimer dans la proximité : TOUT CECI A DU SENS, TOUT CECI C’EST LE SENS : C’EST PEUT-ÊTRE LA GRANDE LEÇON DU CONFINEMENT. »

ADEL ELOUARZ
08 Avril 2020

Un commentaire

  1. Avatar

    Merci Monsieur de nous lancer dans un champ d’interrogations concernant cette pandémie.Bien sûr quels changements allons-nous vivre?
    Cordialement

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