Les arbres là-bas/P’tit papa Noël par: Fatima Maaouia- poétesse tuniso-algérienne-Tunis

Fatima Maaouia

Graphisme Faouzi Maaouia

 

Comme une forêt de bras

Saupoudrés de sucre blanc

Feuillage

Pris au piège de la neige

Les arbres là-bas

Proies : Aléas

Appâts et guet-apens du mauvais temps

Les arbres en plein vent

Pleins de cicatrices

Flancs surpris sur place

Par la malice

De la glace

Qui carde le tronc

Tant qu’à faire

En plein hiver

Quand on ne peut jeter le nez dehors

Avec en plus le mors

De ce maudit virus

En renfort

Qui à toute heure

Se propose

De faire un sort

Et de précipiter la dernière heure

Des fleurs et des roses …

Quoi de mieux à faire

Quand l’hiver vous jette des pierres

Pour proclamer sa foi

Contre la dure loi du froid

Qui mord et vrille les doigts

Que de tricoter avec cœur

Aux arbres assis à côté de moi

Des écharpes fruits et fleurs ?

Les arbres là-bas

Mat porteur

Racine Profondeur

Auteurs mille fruits et fleurs

Qui peut être à leur hauteur?

Pas à pas …

Les arbres là-bas

Comme une haie d’honneur

Font front…

Aux tréfonds

Du fort intérieur

Du troncs ferveur

Où pour feinter la mort

L’élan des sarments futurs

Fichier feuilles et fruits prêt à télécharger

D’un jet …

Dort

À feu doux défont

Gel verglas mors

Font le serment de réparer l’affront

Et préparent déjà dans la zazoua du temps

La mouture et la baraka du printemps futur

Qui répare meurtrissures et injures à la nature

 

P’tit papa  Noël.

 

Toi qui as la chance d’avoir des ailes

Une adresse mail Arc en ciel

Je n’ai pas eu l’honneur recevoir

Ton étoile chez moi, organise, donc un soir

Une petite tournée du côté gris, pour voir

Côté voyages,

Je comprends que tu sois blasé

On sème des brassées de fleurs

Sur ton passage

Quand tu passes

Dans les allées parfumées

Continents brassés

Pétales dorées

Roses épatées

Sont jetées sans compter

Sous tes pas sublimés

Douceurs encens

Faveurs bleues, ferveur

Tendre Rose futées

Bouleversent les sens

Et éclosent fusées de bontés

Dans les maisons pâtés, embaumés

Pour ne pas trépasser

Et craquer comme une bûche paumée

De gras

Sous le poids de l’oie gavée d’émoi

La terre au goût de noix

Monte au septième ciel

Feuilleter le buffet de sa foi

Et moi, pauvre bûche

Je trébuche !

Dans mon coin

Ça m’en bouche un coin !

J’ai presque envie de faire coin coin !

Même sans soleil !

Les chemins

Sonnés de benjoin,

Se mettent à gazer

De l’argenté !

Fébrilité et joie!

La soie à jaser

N’a pas assez de langues et de doigts

Pour s’empresser de tisser

La bannière sans croix

De tes croisières lumière

Floride ! Saint Tropez ! Balnéaires !

Maman ! Nom d’un chien!

Ça m’rend zinzin !

Hollywood ! Rome et Miami,

Central Park ! Capri ! Las Vegas ! Paris

Et j’en oublie !

Quand j’y pense, je me demande

Ce qui m’a pris de t’inviter

A venir de si loin danser un brin

Sur la corde raide

De mon pauvre bled

Je me demande

Si je fais bien d’insister

Ta tournée est programmée de cités en cités

Les jouets dans ta hotte

Seront malaisés à transporter

Sur les bosses et coupe gorge métallisés

De mes routes cabossées

Comment les rennes

Pourront- ils déployer leurs ailes étrennes

Dans un ciel

Aux sentiers égorgés de peines ?

Etoiles trompées et fleurs écrasées

Appartiennent au passé

Rodé aux croisières

De lumières

Mon chemin de poussière

Te fera trébucher

L’horizon est borné

Le sol cerné !

Mais, comme c’est un peu à cause de lui

Quand même que tu luis encore

Comme un superbe louis !

Permets–moi donc d’insister !

Ici tu draineras un public d’or

Dans un décor !

Je t’en dis pas plus !

Sors donc pour changer !

Des ornières dorées !

Fais un effort en dehors

Des quartiers chics et huppés !

Aux poumons cathédrales-dentelle

Dilatés de bontés !

Organise donc une petite tournée

Du côté gris

Clique un soir

Pour voir

Le silence du bruit !

Tu verras c’est mirifique !

Le désert, dans nos contrées

Est d’un magnifique !

C’est d’un si grand désespoir !

La vie d’un soleil dans nos déserts !

C’est comme danser sans grand soir

Dans le noir !

Le mien a si froid chez moi,

Qu’il ne met

Plus le nez

Dehors…dedans chez moi !

Et celui du dedans,

Ne met plus le nez

Dehors

Tant il a peur !

Pour l’heure…

Plus naufragé que le Titanic

Mon logis, Cierge mythique

Ne luit plus !

Errance et misère

Ont eu raison de lui

Le malheur

S’est épris si fort de lui !

Qu’il a tout détruit!

Viens donc visiter ma demeure !

Containers de rêves pillés

Et de fleurs

Pliées

Ma demeure

Bunker de cœurs !

Glacés en demeure !

Ma demeure qui fuit !

Sors, sors un peu des bonnes maisons !

Parfumées à mort

Prends un peu de ton temps

Ça ne sera pas long!

Viens, sur les routes non bitumées !

Viens pour tes livraisons

Dans ma maison

De rêve

Qui n’a pour hotte

Que le glaive

Ma maison boueuse

Qui n’en finit pas de faire dodo

Avec sur le dos

La botte merveilleuse !

Ah ! Mon cher !

Tu seras accueilli

À bras ouverts

Par la misère et l’enfer !

Si ce n’est pas un déluge de fer

Cloches du tonnerre

Rafales de balles

De tous les diables

Et râles

Au son des mitrailleuses,

Ce sera la musique merveilleuse

De cantiques

Noués de panique

Des ventres que la faim

Cannibale fait monter aux confins

De l’univers

On te mettra des bracelets d’acier

Et à ta hotte

Des menottes

Pour compléter le tableau

Les chiens seront à tes trousses

Et les coups de fusils

De la partie

Ton traîneau

Aura tellement la frousse

Que la lumière de ses grelots

À vie

N’exhalera plus que sanglots

Viens!

Viens me visiter !

Viens voir les petits gars

Avec rien sur le dos

Que la bandoulière des déboires de la terre!

Les petits gars

Mioches Cœur encoche

Gavés d’ balles gavés d’bobards

Gavés de roches

Avec la peau sur les os

Les p’tits gars

Qui font dodo

Sanglots en poche

Dans la rue, les gares

Les entrepôts

Les petits gars

Derrière les verrières

De lumières

Les petits gars

Hagards

Des tanières

Bouffés trachome maladies cafards

Les petits gars, de quelque part… de derrière

Tu verras,

Toi le pionnier de la vie

Dans les yeux des petits,

Des milliers de p’tits Jésus

Nus

Dinosaures transis

Au pied du mur…

Si pressés de vie

Que le sort

Les a, sans chaussures

Pour tes trésors…

Jetés dehors

Tu verras,

Comment un uniforme scolaire

Tendu à craquer de vie

Comme un cri

Blessé

Se transforme en un clin d’œil

En linceul

Quand le cœur froissé de son petit

Endeuillé

De silence de treillis et de déni

Bondit en confettis

Bondit jusqu’au ciel

Pour se rincer l’œil de soleil !

Tu verras

Allélui ‘Hallali !

Dans les archives de l’oubli

Le safari

La folie

Et la curée

À ciel nu !

C’est pas mal non plus !

Les petits sans pays,dans souliers

Des souliers sans pieds

Pied sans son petit

Petit sans pied

Pays sangsues

Pays point !

Points d’interrogation !

Pays sang

Le tout, sang saoulé

Pelés Mêlés !

Paysans sans orge… sans son sans blé

Sans paix

Pays sans poignet

Tu verras comment

Partout, sur cette terre

Du jour au lendemain

Il est si facile de devenir… rien !

Tu comprendras alors, comment

Dans notre maison

Au pied du mur

Mise à feu et à sang

À tort ou à raison

Pour un oui, pour un non

On devient si facilement

Brigand

Gangster

Voleur de grand chemin

Plancton de mer

Fleurs de cimetière…

Tu comprendras alors si bien

Que pour changer l’atmosphère

On puisse comme rien

Eparpiller sa chair

En loques aux cailloux du désert

Ou aux dents de la mer …

Que j’ai peur de trop insister

Si tu viens, derrière les murs

Je suis sûre

Que ta lumière

Aura tellement à faire

Que vide et sirocco

Epuiseront illico

Ta cartouche à lumière !

Pour ne pas être à court de sève

Tu ne pourras que prendre

Le risque de voler le rêve

Pour le réinstaller en couleurs

Sur la terre entière

…Et…alors là,

Jamais plus tu ne repartiras

Car, mon cher…

Gangster…

Le plus grand de la terre

Tu deviendras..

 

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