Poème du jour : Frères humains… de Fatima Maaouia par: Mohamed Salah Ben Amor

 

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 Fatima Maaouia

 

Frères humains

Ventres rebondis de grains

Bouche pleine d’anathèmes

Pour  Sparte et Athènes

 

Frères humains

Qui mangez des deux mains

La peau des miens

Grâce au FMI

Et Nations rassasiées Unies

 

De grâce!

N’ayez contre OXI

Et la Grèce

Dent dure ou cœur endurci

 

Poursuivant son  idée et  son chemin

Pour prendre en mains son destin

OXI

Étoile de bergers

A pris son bâton de pèlerin

Contre les pèle-reins

Amateurs d’os et de graisse

En masse

Pour que naisse

L’humanité de demain

En dehors de leur nasse

Et charniers

 

En un mot

Ce qui est certain

En ces sales  temps sans écot

C’est qu’avec sa gueule de métèque

Et de pâtre grec

OXI

A trouvé écho!

 

OXI

Mets  les points

Sur l’Y:

Qui  serre les poings

Se  plie en quatre  pour lui

Et dit OUI

A OXI

 

En gros, mes loulou

Voilà ce dont s’agit:

 

Ne pas être occis

Par les gros

Ne pas manger du pain rassis

Ne pas dire merci

À ceux qui aboient : Assis !

Compris?

Alors agis!

 

Merci!!

 

Enthousiasmée par le résultat du dernier référendum grec organisé le 5 du mois courant pour répondre aux propositions des institutions créancières internationales conditionnant l’aide à la Grèce à plus d’austérité, la poétesse accueille le non « oxi » du peuple de ce pays comme l’attitude  la plus appropriée contre l’hégémonie du capitalisme mondial sur l’économie des pays pauvres et ses visées cupides de réduire leurs peuples à l’esclavage. Et cette euphorie est d’autant plus intense que l’auteure voit dans ce « oxi » un modèle à imiter par son pays qui se débat dans une situation économique non moins catastrophique (Frères humains /Qui mangez des deux mains/ La peau des miens/Grâce au FMI/ Et Nations rassasiées Unies). S’ajoute à cela  – et il faut le dire – le fait que  la partie de laquelle émane ce refus est le gouvernement grec lui-même qui est de tendance gauche c.à.d. de la même sensibilité politique que  l’auteure. Et là apparaît clairement son adhésion à la solution préconisée par la gauche tunisienne qui consiste au rééchelonnement du payement des dettes externes de l’état.  Néanmoins, ce texte ne tire pas nécessairement sa valeur de son contenu sémantique, vu que les opinions  que la poétesse  y exprime sont partagées par un bon nombre de ses concitoyens mais plutôt de son côté esthétique qui se distingue par le style réellement singulier de cette jongleuse de mots  ,lequel ne peut être qualifié que de « fatimaien », tellement ses traits sont atypiques et constants, étant présents dans tous ses poèmes sans exception à tel point qu’elle peut fort bien publier ses textes sans signature. Et le plus récurrent de ces traits est, sans doute, la frénésie qui secoue de bout en bout la chaîne parlée,  la segmentant à la fois suivant l’état émotionnel de la poétesse (exaltation- exhortation – ironie  (Nations rassasiées Unies -Étoile de bergers/A pris son bâton de pèlerin/Contre les pèle-reins/Amateurs d’os et de graisse) –  et le rythme aussi bien  externe ( rimes)  qu’ interne  ( répétitions (oxi » ) – parallélisme  (Ne pas être occis par les gros/ Ne pas manger du pain rassis/ Ne pas dire merci…).Et le résultat est un discours éclaté  bien dansant  qui tient le lecteur en haleine du premier  jusqu’au dernier vers.Un nouveau joyau Fatima !Mes compliments !

 

Mohamed Salah Ben Amor

 

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