Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :11 – Les poèmes de Monique-Marie Ihry:11-4 : Aux confins de la nuit

Monique-Marie Ihry

 
L’été repliait son manteau fleuri de sève
L’automne déployait son jupon flamboyant
Sur le massif en deuil, désolé, larmoyant
Dans le balai d’un soir où la mort plante un glaive

C’était la fin d’un jour, un amour qui s’achève
Et dans la tombe ouverte à l’automne assaillant
Des feuilles défuntes, réunies, sommeillant
Gémissaient en silence en plainte sourde et brève

Dans le noir crépuscule aux confins de la nuit
Une lune voilée aux accents de tristesse
Entamait un refrain de profonde détresse

L’été était parti, l’amour s’était enfui
Et dans mon cœur rompu aux refrains d’une larme
Se perdaient mes rêves dans le vide et son charme

 

L’une des constantes principales de la poésie de l’auteure de ce texte est l’utilisation symbolique massive des éléments naturels que l’on voit présents dans presque tous les vers. Néanmoins, c’est sur des éléments temporels que s’est focalisée, cette fois, son attention et sur lesquels elle a érigé la fondation de son poème .Ces éléments ont été distribués sous la forme de deux dualités dont l‘une , étant plus vaste ( Eté/Automne ), englobe l’autre, plus restreinte ( Jour/Nuit) .D’autre part , elles n’ont pas été appréhendées dans leur dimension concrète mais dans la phase minime de transition où l’automne commence à prendre la relève de l’été, laquelle est une sorte de passage lourd et pénible à supporter par les âmes sensibles comme celle de l’auteure, du fait de leur prédisposition à la mélancolie et aux appréhensions du futur immédiat .D’où ce flot d’images évoquant la tristesse, le regret , l’angoisse …et dont la plupart ont été conçues sur la base de la personnification (massif en deuil, désolé, larmoyant – la mort plante un glaive – dans la tombe ouverte à l’automne assaillant des feuilles défuntes – lune voilée aux accents de tristesse – un refrain de profonde détresse ).Mais , il ne s’agit ici que d’une simple projection de l’état d’âme de la poétesse sur le paysage naturel qu’elle décrit dans ce laps de temps bien déterminé. Et elle le dit d’ailleurs expressément : (dans mon cœur rompu aux refrains d’une larme se perdaient mes rêves dans le vide et son charme ).Et le mot « charme » qui peut apparaître ici, à première vue, comme un intrus montre que la beauté n’est nullement liée à la joie et que bien de paysages tristes sont esthétiquement fascinants.

Nous avons encore beaucoup à dire sur ce poème mais notre commentaire s’est trop allongé. Arrêtons-nous donc et invitons les lecteurs à dégager le reste.

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