Le Huvid 20 par :Elena Martinez – poétesse et écrivaine hispano-canadienne –Montréal – Canada

Ils sont tous là à mon chevet en ce lieu de recueillement de réflexion et de soins palliatifs. Venus des quatre coins du globe, des représentants politiques, des dignitaires, des scientifiques et des penseurs. À travers eux, quelques fossoyeurs toujours prêts à faire une bonne affaire.

Ils sont venus de partout pour prier que je survive à tant de siècles de maltraitance, d’inconscience, d’avarice, de chacun pour soi, de laisser-faire et de cruauté autant personnelle que collective. En effet, je dis prier, car mes jours sont comptés. Mon mal est à présent incurable et ma fièvre ne fait que monter. J’ai contracté
le virus, l’humanovirus, le HUVID20.

Et pourtant, j’ai crié si fort ma douleur, j’ai tempêté ma colère, j’ai tremblé de frayeur, j’ai craché mes nuages englués de bitume. Mais, vous étiez tous bien trop occupés à jouer les importants, à vous battre avec vos frères, à marchander, à vous nourrir de vos désirs de gloire et de pouvoir et à saccager chaque centimètre autrefois luxuriant de mon corps.

Je vais mourir, votre acharnement temporaire n’y pourra rien, car il est peut-être trop tard pour vos transfusions d’espoir et vos respirateurs artificiels. Je vous ai tous tant aimés, nourris, protégés, car vous êtes si beaux, si créatifs et doués chers virus, si chers à mon coeur.

Cependant, en pensant à tous vos descendants…Comme je voudrais encore y croire!

Terrestrement vôtre,
Mère-Terre

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