Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 29 -7: Ô dérive…!

Elena Martinez et Mohammed El Qoch

 

Mon cœur désorienté, écœuré à la dérive

Troublé par tant d’ardeur et de défiance

Comme ce bateau aux horizons déboussolés

De bleu marin et de mouvance

Mousses et matelots endoloris, sans vivres

Le temps nous amarine tous deux à quai

L’onde est si lasse au large de tes rives

Où nos espoirs en sont les grands naufragés

 

Ballotté de tous côtés, je me noie dans l’instant

Ivre d’équinoxe et d’éternité

Dans l’échancrure béante et houleuse des vagues

Je rêve sans trêve que tu viennes m’accoster

Mon esprit fortement atteint, tangue et divague

Un hublot ouvert sur l’aventure

S’arc-boutant contre la marée, me transbordant

L’île promise n’est plus qu’une imposture

 

Je me coule profondément dans le paysage maritime

De tes mots aux embruns salins

Assiégé de maux, endêvé de trop de chaînes

Ma destinée est tracée dans le sillage de tes mains

L’océan, immensité infinie, en sursis, se déchaîne

Mouvance intérieure de nos continents intimes

 


Dans ce poème , il y a une véritable  source de fascination  qui se situe à la dernière strophe  sous la forme d’un glissement inattendu  et surprenant  du naufrage  annoncé et  pressenti dès le troisième vers   , bien qu’il soit métaphorique et non réel ,  vers les bras de l’être cher  .A partir de ce point lumineux , nous pouvons  dès lors nous représenter le plan échafaudé  depuis le début par les deux auteurs  afin de créer l’effet esthétique capable de captiver le lecteur .Ce plan comporte une métaphore   très entendue  d’une mer  déchainée c’est-à-dire une mer dans son état le plus redoutable qui soit  pour que la rencontre avec l’être aimé soit perçue à la fin comme une bouée salutaire de  sauvetage vital .Un deuxième procédé  a été utilisé aussi dans ce même but : c’est la neutralité   du  genre du locuteur / locutrice  qui permet de  recevoir sa voix  tout au long du texte comme masculine ou féminine .Sur le plan sémantique , l’utilisation du symbole de la mer,   homophone de mère  , au cours de ses moments les plus terrifiants révèle une peur inconsciente de l’inconnu que seule  la force protectrice  de la mère peut surmonter .Mais au lieu de se diriger vers ce paradis perdu, l’être cher  s’y substitue au dernier moment pour donner  au texte  au niveau  linguistique une dimension passionnelle .

Un autre joyau les amis .Mes félicitations et mon encouragement !

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