Bras de terre…par : Fatima Maaouia – poétesse tuniso-algérienne –Tunis

Fatima Maaouia

 

Épuisé, haletant, regard hagard et fiévreux 

Un océan d’affreux et lancinants doutes

Sous soute

Car

Craignant le gouffre

Qui allait emporter à jamais  son dernier souffle

Il jeta corps en nage et  maigre  bagage

Sur le vieux  rivage,

Puis  dans une  ultime opération de sauvetage Lança au visage de la mer un flot

Tumultueux de questions dont elle ne retint que ces mots :

« O, mer, mon miroir

Raconte, raconte l’histoire

Raconte sans rien embellir »

Allez, dit !

Mer, personnage mythique

Matière sensible et authentique

Mer  à la culture encyclopédique,

Ouverte  sur toutes les civilisations

Répond à mes questions !

Et la mer au parcours exceptionnel

Qui en connait  plutôt un sacré  rayon

Sur l’élan et le bris d’ailes

La mer, matrice, pierre angulaire de l’univers

Qui soutient la terre par les aisselles

Pour l’empêcher de choir  en statue de sel

Celle  qui  œuvre dans la continuité

Du fugace moment:

Ruptures, constructions, éboulements

Tant elle culmine et rumine de tourments

La mer, conductrice  du meilleur et du pire

Bras envahissants et mystificateurs

La mer qui  garde profond  en mémoire

Conflits, migrants, traite,  fleurs,

Passions histoires et tourments

La mer à l’humour  si corrosif

Qui modèle  quotidiennement  monts et rifs

Et dont la vie a été, tout entière

Durant nos multiples vies

Tournée vers le partage  et la liberté

Tournant le dos  Aux  ébats d’eau  stériles et futilités,

Tressaillit et  dans un sanglot :

« Tu veux savoir?

Alors, au risque  d’anéantir tes derniers espoirs

Ton pays amer qui désespère et la terre et le ciel ? 

C’est la mer à boire ! »

Et secouée de terribles convulsions

Qui noircirent sur le champ  l’horizon

La mer,  pourtant dont le jarret fougueux

Monte à l’assaut des volcans accrochés

Au firmament 

Elle qui escalade cratères, falaises,   brèches et rochers

La mer prenant  jour et nuit sans broncher

Dans la cabine

En plein cœur,  en pleine poitrine

Coups, tempêtes,  vents mordants, ouragans

Accrochée aux poignets de la terre

Se roulant à terre,

La mer, sentinelle,

Déesse

Couronnée de sagesse 

Et qui n’est pas  sous écorce

Qu’écume,  bavardage

Et étalage de force

S’est mise à pleurer dans les bras de la terre

Mais la terre  qui depuis belle lurette

N’avait déjà  plus de tête 

N’avait  plus de …  bras ! 

 

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*