Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :9 – Les poèmes de Mohammed El Qoch :9 -9 : Bouffée d’air…!

Mohammed El Qoch

 

Le vent retrousse ses manches 

Et nous fouette, passionnément,

Nous entendîmes le chant des hommes

Eparpiller nos rêves

Nous nous sommes mis à courir

Comme des bambins

Chaque écume blanchâtre frémit

Bouffée d’air…!

Nous étions seuls , sans quête,

Les mouettes à l’affût, nous filent,

Volent au dessus de nous

Comme des sentinelles…

 

A travers ce poème assez court débordant de sensibilité romantique et  dominé d’un bout à l’autre, par un ton lyrique extrêmement prononcé, se profile une dualité dont l’un des deux termes est explicite (un milieu naturel s’apparentant  à une plage  déserte :  mouette – nous étions seuls  ) et l’autre est sous-entendu ( un milieu citadin suffocant duquel le locuteur et sa compagne viennent de se libérer (Bouffée d’air…! ) ,à ce qu’il paraît,   momentanément . Charmé par ce cadre enchanteur et délassant, le poète se laisse aller à une douce rêverie ponctuée par une sorte de symbiose sentimentale éprouvée  sur deux plans  : d’un côté,  avec sa bien-aimée (« nous nous sommes mis à courir comme des bambins » + l’utilisation du pronom  personnel “nous” sept fois en douze vers ) et de l’autre avec la nature (le vent retrousse ses manches  et nous fouette, passionnément – chaque écume blanchâtre frémit – les mouettes à l’affût, nous filent, volent au dessus de nous comme des sentinelles… ). Cette fuite en arrière ( la fuite en avant étant l’agressivité) exprimerait un retour nostalgique inconscient vers la vie primitive pure pourvoyeuse de béatitude, de bien-être et de bonheur  loin des tracas de la vie moderne .

Le  style, quant à lui, se distingue, comme à l’accoutumée, par la  diversification des images  ( tactiles : vent– auditives : le chant des hommes – visuelles : écume blanche – mouette ) afin de rendre avec le plus de fidélité possible la sensation d’extase et de plénitude que le poète ressent au cours de ses escapades de rêves éveillés.

 

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