Mon voyage en Italie 2017 (12) :Quels enseignements peut-on tirer de l’exemple italien ?

 

Un touriste arabe comme moi, appartenant à un pays pauvre comme la Tunisie ne peut trouver l’Italie que très riche en enseignements, même si sa visite est de courte durée.
Le premier de ces enseignements est qu’une civilisation déchue et éclipsée peut renaître de ses cendres. En effet, si les Grecs et les Arabes dont les civilisations avaient, à certaines époques, dominé le monde, occupent aujourd’hui l’arrière-garde de la caravane humaine avec un retard de pas moins de six siècles, les Italiens (les Romains d’hier), eux, ont réussi à se hisser, à l’époque moderne, au niveau des nations les plus avancées, malgré leur défaite militaire à la deuxième guerre mondiale.
Mais pour réaliser cette renaissance, les Italiens, tout comme leurs anciens alliés, les Allemands et les Japonais, se sont mis tout de suite au travail, déployant d’énormes efforts de reconstruction. Et le résultat est aujourd’hui plus que satisfaisant : l’Italie est la 8ème puissance économique mondiale avec un produit intérieur brut de 2 245 706 milliards de dollars, la quatrième destination touristique et possède 2600 000 exploitations agricoles. Et cela se constate entre ses villes où la verdure s’étend à perte de vue et aucun morceau de terre, y compris sur les hauteurs, n’est laissé à l’abandon.
En voyant cette exubérance remarquable, je n’ai pu me retenir de me rappeler l’image de ces vastes terres nues qui s’étendent sur des milliers de kilomètres dans plusieurs régions de la Tunisie surtout au centre et au sud . Où sont donc propriétaires ?Et pourquoi ils ne les travaillent pas ?Cela est-il dû à l’émiettement de la propriété ? Ou est-ce une question de manque d’eau ? Mais nous avons de grands spécialistes en détection d’eau souterraine et en désalinisation de l’eau de la mer et notre pays est bordé de 1 148 kilomètres de côtes ! Et pourquoi nous n’avons pas encore pensé à la création de nouvelles oasis qui relève désormais d’un domaine technique à la page , en train de devenir une science proprement dite ?
Et nos trois îles : Djerba, Kerkennah et Jalta pourquoi n’attirent-elles que peu de touristes ?Avons-nous bien exploité le mythe du passage d’Ulysse à Djerba ?Et où est la maison du critique, poète et romancier bohémien Férid Ghazi ?Et a-ton pensé à fonder un musée retraçant l’histoire de cette île ?
A Venise, j’ai entendu un touriste français demander à la réception où se trouve la tombe d’Abel et l’agent lui répondre que les recherches archéologiques en vue de le découvrir sont encore en cours ! Car les Vénitiens ont compris depuis longtemps qu’il y des milliers de touristes prêts à croire à tout ce qu’on leur dit et cela fait partie du savoir-faire dans ce domaine !
Et cette belle île de Kerkennah dans laquelle j’avais passé ma première année de professorat et où j’avais donné en 1973 deux conférences : l’une sur la poésie de Chebbi et l’autre sur le mouvement d’avant-garde tunisien devant un public nombreux composé pour la plupart d’élèves et d’enseignants pourquoi reste-elle jusqu’aujourd’hui sous-développée ? Où sont les hommes et les femmes d’affaires pour la transformer en un pôle touristique mondial ?
Donc, pour suivre l’exemple des Italiens et des autres occidentaux, il est impérieux pour nous de changer radicalement notre mentalité, et ce par l’amour de la terre et l’attachement à la valeur du travail car le vrai développement vient du peuple et non de l’état. C’est au peuple de prendre l’initiative et de produire, ce qui lui permet de réaliser des bénéfices et de payer ses impôts et avec ces rentrées fiscales, l’état promeut les secteurs de l’enseignement, de la santé, de la culture et les services publics et non exiger de l’état d’accomplir ces tâches à sa place.
Mais aurons-nous un jour cette mentalité ou demeurerons-nous attendre que le changement vienne de l’état ou du ciel ?
Dieu le Tout Puissant a dit : « Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes » !

(Fin)

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