La petite fille héritière à Didon par: Fatima Maaouia – poétesse algéro-tunisienne – Tunis – Tunisie

Fatima Maaouia

Dis donc,
La p’tite fille Héritière à Didon…

La p’tite fille oubliée du soleil
Qui a oublié d’être écolière

La p’tite fille frêle comme jonc

La p’tite fille des bas fonds
Que la vie mastique
Qui peinait dur à gagner un euro
Un rond
Pour aider sa mère

La p’tite fille Héritière
À Didon…
La p’tite fille sans musique
Ramasseuse de bouteilles
Et bidons en plastique vides

Aspirée par le vide

Tombée dans le caniveau

Plouf !

Morte sur le coup
La petite fille à nous
ASPIRÉE
Qui voulait RESPIRER

Colère
Et dégoût

Ni lune ni soleil ni parapet
Où s’agripper

Dans un élan surhumain
Elle essaie de s’en sortir
Respire ! Respire !

Dépasse l’héritière à Didon
Sois poisson !

Dur dur combat
Le corps se bat
Des serres électriques
Serrent le cou
Acre goût en bouche

Farouche
Le corps s’accroche
Se bat
Ondoie…
Se noie

Et puis soudain
Plus rien

Je vois juste serrée dans sa p’tite main
Menue
Entrailles éventrées
Un bout d’plastique …l’oreille cou rompu
De la bouteille à la mer

Justesse profondeur et ampleur
Des loups et égouts
Qui guettent nos fleurs
De partout
Pour leur rompre le cou

Dis donc,
Avant que je n’oublie …des fois

À sec d’eau

La panse du caniveau
S’éclate en sanglots…
De joie !

Y’a de quoi !

C’est que la p’tite fille Héritière à Didon…
Hein?.
La p’tite fille oubliée du soleil
Qui a oublié d’être écolière
D’avoir des nageoires
D’être championne en natation
La p’tite fille Émotion

S’appelait …ça ne.s’invente pas
Farah …
“Joie “…A

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