Le petit fennec par :Fatima Maaouia –poétesse tuniso-algérienne –Tunis

 

L’Algérie ne m’a jamais autant manquée
Depuis que ce maudit Corona Virus
Planqué dans l’air
A braqué l’air déjà claqué
Et mis sous séquestre
Êtres
Humus
Et frontières
Pour en faire ripailles moult joyeusetés et banquets

J’ai pas d’idée pour y aller, en plus

Si ?

Peut-être bien les verbes sauter, enjamber
Tiens !
Les tresser un à un en lasso et liens
Puis les couper en dés
Pour couvrir toute la superficie …

En permanence
Barbelée, minée, électrifiée et surveillée….
Des lignes Morice et Challe
Ressuscitée
Truffées de mines
Où la vie se tord et Chiale
Carbonisée à la source de Tébessa
Clairfontaine Souk Ahras ou Sédrata

Et moi,
Petit fennec Vert,
Prince du désert sans terre
Aux abois
Oreilles roussies
Époumouné commotionné

Avec mes griffes, avec mes ongles et crocs
Avec faucille et marteau
De l’Union Soviétique
Avec ma musique
Et mon drapeau
Mon sang et ma peau
Avec Cuba Che Guevara Castro et la Tunisie
Avec Ben Boulaïd Jean Senac Anna Greki
Ben Mhidi Zohr Zerari
Et toutes les femmes combattantes
de l’Algérie
Feinter, miradors, radars, amiante,
Police et douaniers
Des deux côtés

Les balles à ma tête sifflant
Comme des fouets

Moi pleurant crachottant soufflant

Chiens loups, harkis,
Paras de la légion étrangère
Parachutistes français SS de L’OAS
Et terroristes islamistes à mes trousses…

Courir
Les frontières sont réelles
Et nombre de bombes et mines personnelles
De la guerre de libération
Restées non désactivées pendant plus de cinquante ans
Pètent parfois de drôles de libations…

Courir

460 kilomètres ce n’est pas la mer à boire
Quand il s’agit de gagner le pari et le marathon de l’Histoire

Courir comme le vent, comme une dératée
Comme une détraquée

Avaler le sel de l’absence

La distance cruelle
Qui sépare mon essence
De ma terre de naissance
Laquelle m’appelle
Et qui à vol d’oiseau
N’est rien du tout

 

 

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