Pile ou face ? Nouvelle parution du poète et romancier marocain Hassan Oumouloud (août 2019) .

C’est un récit court en 130 pages pleines de suspens et de vivacité avec une touche spéciale de renouveau et d’originalité.  L’histoire raconte le destin double d’un jeune marocain que l’auteur nomme Madani ( allusion à l’homme urbain ) . Après des années de chômage , le jeune licencié en psychologie , se retrouve collé pour des heures au marbre d’une agence bancaire . Fin du mois , le misérable agent de sécurité est surpris par un virement costaud dans le compte. Il décide de quitter son poste et se lance dans un long voyage à travers le pays dans le but de réaliser son rêve : Devenir médium . Sa médiumnité lui a bien servi à comprendre les gens pauvres qu’il rencontre et à les aider mais elle ne lui a pas permis de deviner le grand jeu terroriste dans lequel il a été acteur à son insu ! Enfermé dans un cachot individuel , il regrette ce destin fabriqué par les autres pour lesquels il a pourtant dépensé toute la somme . Il sombre dans la folie.

Un extrait :

”  Sur le banc d’un jardin sec, se tient, immobile, une espèce de corps humain enveloppé dans des vêtements sales. Comme une poupée usée et abandonnée par un enfant qui n’y trouve plus de plaisir.  La  silhouette informe et pensive d’un être humain qui a tenté de vivre il n’y a pas trop longtemps. Doublement trahi : par son propre destin et par celui que les autres lui ont fabriqué. Un esprit qui a fait le tour d’un monde immonde. Il a été énergique, ambitieux, avide de connaissance des êtres et des choses. Le voici, après son pèlerinage tragique,  qui n’ose plus bouger, plus agir, et presque plus penser.
Il a scellé, inconsciemment, une espèce de relation mystique, avec ce banc du départ et d’arrivée. Il est, à peu près, son unique ami et sa dernière compagnie. Il découvre trop tard que seuls les objets restent fidèles et fiables pour toujours. Que les humains ne sont pas bons à côtoyer. Enfin pas tous… quand ils sont morts,  ils deviennent de bons amis !
Madani  s’accroche au ciment comme par crainte d’être emporté par le vent.  Mais, par quel vent ?
Ses mains tremblent sans cesse et ses yeux naviguent dans le vide. Il a l’air  d’écrire avec son regard ses dernières paroles sur une page invisible, au rythme du crissement des eucalyptus immortels. Insensible à la ville qui bourdonne autour de lui. Le fleuve des machines et des gens est toujours le même. Les rangées de bâtiments sont les mêmes, tout comme la misère, l’errance, et l’ignorance qui sont aussi les mêmes. Aucune note n’a changé dans cette terrible symphonie monotone… sauf la sienne !
Ses yeux ont l’air de retracer une histoire avortée. Celle qu’il a voulu vivre avant de tomber aux filets d’une vie qui n’est pas la sienne, tracée par les autres. Il n’a été qu’un pion naïf dans un jeu de l’erreur et du hasard…
Il a l’air de s’excuser. Mais à qui ? Au moment où presque tout le monde l’a oublié, ce “tout le monde” le martèle, lui, au fin fond de son absence … ”

Qui est Hassan Oumouloud  ?

Originaire d’Ait Baha au sud du Maroc , Hassan Oumouloud  est professeur agrégé de lettres françaises . Il est poète , romancier , traducteur et critique d’art connu notamment , sur la scène littéraire , par son esprit libre et anticonformiste qui se traduit en un style fluide , une langue riche parfois sévère, et une sincérité qui va droit au cœur.
Son œuvre diverse compte notamment un roman Le rêve errant ( Rabat-net Maroc 2016) et deux recueils Fragments d’un cœur dolent ( Edilivre 2014) et Poésie Métaphysique ( Rabat-net Maroc 2016).
Il a participé aussi à l’élaboration de plusieurs recueils collectifs au niveau national comme dans une échelle internationale à savoir les recueils Cri d’une main ( Afaq 2017) , Même vieux vivant mieux ( Slaîki frères , 2018) et 100 poètes pour l’union du Grand Maghreb ( Ass. AEES, 2019) .

 

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