Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-16 :L’amour viendra quand je serais parti…

Laurent Mourot-Faraut

 

L’amour ce soir nous vient du ciel,

Et tous les jours, il reviendra,

Et quand il reviendra, je serais là, pour toi,

Il ressemble à un oiseau et s’envole en ouvrant son âme,

Je pourrai le toucher, mais je n’arriverai pas à y croire,

Le monde est grand quand il nous vient de lui,

L’amour ce soir nous parlera de toi,

Mais quand viendra, la nuit, il s’en ira,

Dis-moi où vont après tous ces nuages,

J’ai l’impression qu’après plus personne n’est sage,

J’ai beau pleurer, j’ai beau crié, déposé une rose à tes cieux,

Le monde est noir, puis devient blanc au-dessus des orages,

Et la guerre détruit tout sur son passage,

Elle emporte les rêves et les navires entre ses griffes,

Mais les oiseaux deviennent grands et bleus,

Ils possèdent la gloire de tous nos ennemis,

Les marins pleurent jusqu’ici, et puis ils crient, et puis ils meurent,

Avant de perdre la raison, puis ils reviennent ici,

Comme des corbeaux ils ornent tous nos cimetières,

Mais demain le monde sera grand, et je lèverai la tête en chantant,

Je n’oublierai pas que dans la nuit tous les chats deviennent gris,

L’amour ce soir nous viendra du ciel, 

Demain sera sans doute diffèrent, et les enfants nous apprendrons à aimer,

Je déposerai des roses sur des pavés déjà en fleurs rouges,

Et je chanterai à tue-tête avec notre avenir en tête,

Et la guerre arrêtera de me parler d’elle,

Le ciel me tendra les bras au dessus de la tête,

Et l’espace se rappellera de moi

Je possèderai les démons et les anges d’ici,

Les femmes me demanderont de les aimer aussi,

Et tous les jours ressembleront ce jour là, à mes nuits,

Je déploierai mes ailes au-dessus des rivières,

Et je chanterai que l’amour n’a pas de prix,

Et tant mieux, ou tant pis, si c’est au paradis,

Je déploierai mes ailes et j’apprendrai à voler,

Au dessus de la terre, au dessus des nuages où plus personne ne va,

Moi, si tu me cherches, je serai là…

Je n’aurai plus aucun ennemi, et les anges apprendront à boire,

Dis-moi après, où va tout ce sang, où vont tous ces nuages,

J’ai l’impression qu’après, tout le monde sera sage…

J’ai si peur de partir, c’est comme de conquérir Paris,

De déposer les fleurs sur mes amis, ici…

 

Sacré Amour, combien de sous-thèmes pourraient être générés de ce sentiment humano-divin énigmatique et extrêmement complexe !Et comme notre poète sait exploiter les richesses  suggestives et symboliques  dont il recèle !De l’amour qu’il ressent à sa bien-aimée  (quand il reviendra, je serais lâ pour toi / L’amour ce soir nous parlera de toi / si tu me cherches, je serai là… ) le sens glisse en va-et-vient vers l’amour altruiste universel  (L’amour ce soir nous viendra du ciel –  demain sera sans doute diffèrent  et les enfants nous apprendrons à aimer / je déploierais mes ailes au-dessus des rivières, et je chanterai que l’amour n’a pas de prix ),ce qui révèle  chez l’auteur une conception globale ,  unifiant  et optimiste de l’Amour que les psychologues et les philosophes ont divisé en catégories très différentes et éloignées les unes des autres .Et selon cette conception , l’amour sain  duquel on exclut les formes maladives  ( maniaque , obsessionnel , narcissique…etc. ) est l’une des composantes primaires et essentielles de la nature humaine qui incarne comme l’a dit Jean Jacques Rousseau le Bien  tandis que son contraire la Haine qui découle du Mal est acquis ,  étant causé par la société .A partir de cette idée  , le contenu sémantique de ce  poème a été distribué sur deux isotopies présentées  simultanément selon le procédé de l’alternance :amour de la femme / amour de l’être humain  tout en transcrivant  à peu près le même ressenti   , afin  de dépeindre la préciosité de cette essence unique de l’amour sain .  Quant au titre  « L’amour viendra quand je serais parti… » , il exprime  , dans ce même ordre d’idées , la pérennité du vrai amour et la conviction de sa victoire demain sur le mal qui continue à sévir dans le monde depuis l’apparition sur terre de l’espèce humaine  dont l’histoire avait débuté par  le crime fratricide  odieux perpétré par Caïn contre son frère Abel .

Bravo poète ! Tu continues à nous épater !

 

 

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