La traduction du rythme en poésie, ce casse tête ! par : Mohamed Salah Ben Amor

 

Ce qui me chagrine dans la traduction de la poésie est que tout dans le texte original est transférable vers la langue cible à part le rythme qui constitue le pilier principal de l’art poétique. Paul Verlaine n’a-t-il pas dit : «De la musique avant toute chose» ?
Dans ce vers de Verlaine, par exemple, la suite de voyelles nasales très rapprochées (dite assonance) évoque le son du vent et des sanglots et plus précisément la tristesse du poète :

 Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone

Mais ces sonorités étant  intraduisibles dans une autre longue, leur suppression dans le texte-but  affaiblit énormément la valeur suggestive du poème.
Il en ses de même pour ce vers du grand poète arabe ancien Al moutanabbi où la répétions de la consonne “s ” évoque le bruit des sabres qui s’entrechoquent :

Wa taka (ss)arat anni(s)alou alanni(s)ali

Et ce n’est que par pur hasard que sa traduction en langue française fait apparaître la répétition de cette même consonne :

Les sabres se sont brisés les uns  sur  les autres

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