Parmi mes professeurs au lycée de Carthage par :Mohamed Salah Ben Amor

 

Au lycée de Carthage où j’avais fait mes études secondaires, nous eûmes en deuxième année, en instruction religieuse, un professeur au nom de M. Na. C’était un homme gros et haut de taille mais qui avait toujours l’air d’être fatigué , peut-être parce qu’il enseignait sa matière seulement à raison d’une heure par semaine pour chaque classe et il lui fallait donc dix-huit classes  pour faire  ses heures réglementaires dues. Pour cela, il passait toute la séance assis et il la divisait en deux parties inégales : les trois premiers quarts d’heure pour le cours au cours duquel, il débitait un discours improvisé et continu sans poser la moindre question ou nous offrir l’occasion de lui demander des précisions sur ce qu’il venait de dire et pendant le quart d’heure restant, il nous distribuait des textes polycopiés dans lesquels il y a une sourate ou un hadith (parole du prophète)qu’il nous faisait lire en prenant soin de les commenter lui-même sans nous faire participer. Sa méthode se résumait en deux mots :Ecoute et assimile !Tout cela était pour nous supportable mais ce qui était difficile à supporter est que notre professeur était pendant toute la séance totalement sur ses nerfs et il ne tolérait aucun geste même pour tourner la tête à droite  ou à gauche .Et comme il était toujours assis et ne pouvait donc voir tous les élèves, il faisait tout le temps tourner sa tête et tout son buste soit à droite , soit à gauche dans un va-et-vient interminable et ce, dans l’intention de surprendre l’un de nous en train de parler ou de sourire ou de somnoler .Et gare à celui qu’il attrapait !Car dans ce cas ,Il se mettait à gueuler de toutes ses forces au point où ses cris arrivaient aux salles voisines.

Et comme notre professeur avait plusieurs classes , il tardait toujours à nous rendre nos copies après chaque examen. Un jour, un élève espiègle au nom de Ladidi qui s’asseyait toujours au fond de la classe s’est caché la tête derrière  l’élève qui était devant lui  et avec une voix déguisée d’enfant il dit : « Remettez-nous nos copies ! ».

Alors, le professeur s’est levé pour la première fois depuis le début de l’année scolaire et dit : « Je ne vais pas vous  demander de m’aider à démasquer cet insolent, parce que je sais que vous êtes tous ses complices mais sachez que mon expérience dans l’enseignement s’étendent sur plus de trente cinq ans et en plus, j’ai lu tous les grands ouvrages de psychologie.  Et  vous verrez comment je vais le découvrir en quelques secondes. ».Puis il s’est dirigé vers la zone d’où était venu le cri et où s’asseyaient près de huit élèves .Il leur demanda de le regarder l’un après l’autre longuement dans les yeux sans cligner ou bouger la tête.Et après avoir fait subir ce test à deux ou trois élèves qu’il a tout de suite innocentés, c’était le tour de notre camarade Labidi qui avait poussé ce cri .Le professeur le regarda dans les yeux et lui dit : «  Non ce n’est pas toi !Va en paix ».Puis il a passé à un autre élève au nom de Mohamed qui était l’élève le plus sérieux et le plus discipliné de la classe mais que notre maître ne connaissait pas, parce qu’il ne nous voyait qu’une heure par semaine. Il le fixe du regard dans les yeux puis il lui donne une gifle qui n’était pas heureusement très forte mais elle était suffisante pour que toute la classe éclatât de rire sans se soucier de ce que pourrait être la réaction du professeur car la scène était tellement drôle. Et heureusement aussi que l’heure touchait à sa fin et la sonnerie a vite fait de sauver tout le monde !

La semaine d’après, notre professeur  qui s’était sûrement renseigné auprès de l’administration sur la conduite de notre camarade Mohamed ,s’est empressé de lui présenter devant nous tous sportivement ses excuses .

Que Dieu couvre notre professeur M. Na.  de sainte miséricorde ! Amen !

 

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