Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :34–Les poèmes de Marie Funck:34-4:L’orpailleur des mots

Marie Funck

 

L’orpailleur des mots se joue de la sémantique,

Il fouille l’orthographie à la recherche d’une pépite,

Il aime tamiser doucement l’encre sympathique

Recherchant les paillettes d’or, il médite. 

 

Il a installé sa rampe de lavage,

il recherche l’adage,

Celui qui lui transmettra le roman éternel.

  Il ne pollue pas, son mercure n’a pas de rivage,

 Les rivières l’aiment pour sa plume si belle.

Il crée des fleuves de vie romantique

Il dépose le sable des mots atypiques.

Si vous le cherchez, vous ne le trouverez,

Il vit hors du monde, dans ses rêves effeuillés.


Cherchez à ses côtés ces magnifiques trésors

Laissez vous porter par la mélodie de l’or

Déposée par sa plume.

Buvez le nectar Du rêve qu’il vous donne pour plus tard. 

 

Voici un portrait du poète tracé  par une poétesse qui s’est basée évidemment sur sa propre expérience et la conception qu’elle a  de l’écriture poétique et du rôle du poète en général. D’après l’image qu’elle a donnée de lui , il se caractérise par deux traits principaux : l’un au niveau de la vie qu’il mène et l’autre de  la manière dont il manie les mots. Concernant le premier trait , le poète se distingue des hommes ordinaires par son retrait volontaire de la vie  commune  (Il vit hors du monde )  et sa plongée continuelle dans sa vie intérieure aux deux niveaux :  psychique  (il médite) et émotionnel  (ses rêves effeuillés-  vie romantique) , se ressourçant ainsi en même temps dans les deux hémisphères opposés du cerveau : le gauche qui est le siège de l’intellect c’est-à-dire du raisonnement et  de l’intelligence  et le droit la zone où réside l’imagination , la sensibilité et l’intuition .Quant au deuxième trait qui est purement linguistique , le poète fait de la recherche de l’écart (Il dépose le sable des mots atypiques ) son objectif premier, étant donné que c’est le moyen le plus efficace au niveau de l’écriture pour épurer la langue des expressions désuètes et des sens communs et au niveau de la réception pour briser l’attente et créer la surprise. D’ou ces belles métaphores  de l’orpailleur , de la pépite, des trésors et des paillettes d’or qui évoquent tous la notion de préciosité de la langue poétique .D’autres suggèrent sa pureté (rampe de lavage –  Il ne pollue pas  – son mercure n’a pas de rivage ) et son effet enivrant et ensorceleur (  laissez vous porter par la mélodie de l’or – buvez le nectar du rêve ).Enfin , comme nous le constatons , il n’y a pas une grande différence entre la création poétique telle que la conçoit subjectivement une poétesse , mais une vraie  et sa conception scientifique élaborée par les cogniticiens et les poéticiens.

 

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