Je connais parfaitement par :Riadh Chraiti – Gafsa –Tunis

Riadh Chraiti

 

Je connais parfaitement les reliefs des histoires de l’absence

Du côté de l’éclatement  des pleurs,

Je connais parfaitement ma dispersion sur ma table et dans mon pays,

Je connais parfaitement une gare qui m’attend depuis bien longtemps

Et où je ne suis pas encore arrivé,

Je connais parfaitement les oiseaux de l’avenue stérile et des vendeurs de roses,

Je connais parfaitement une horloge dont les tic-tac sont pareils à des clous enfoncés dans la poitrine,

Je connais parfaitement la défaillance de ma Gauche,

Le vide régnant dans ma maison,

Le peu d’intensité de mes lumières,

Je me connais parfaitement !!!

Je fais face au sein du torchon de mon corps

Jeté là où je ne le veux pas,

Des fleurs de l’ensevelissement des amis partis pour toujours

Et des cadenas de portes ayant présenté leur démission à leurs maisons

Et s’étant mis à concurrencer l’obscurité régnant dans les chambres du cœur

Et me disputant les fonds d’un sol stérile.

Aujourd’hui tout comme hier le journal annonce les ruines.

Que de paroles ! Il y a un vide…

Il est seul à broder éternellement un labyrinthe

Qui l’abrite… tout seul ! ..  

Il connaît parfaitement par où il avait  commencé

Et où nous nous perdrons,

Il connaît la saveur de la musique de l’hymne d’un certain pays

En l’absence de ce pays,

Il connaît une armée qui surveille les chiens,

Il connaît le surplus d’opulence dans les palais des seigneurs,

Il connaît …et  connaît bien plus que tout cela …

Et connaît comment peut –on anéantir la pierre,

Il connaît  que par la fonte se vainc le fer …

Il le sait mais

Les membres sont enneigés

Et la langue est enchainée !

Ö donc ma voix,

Donne-moi ma voix

Des mains des bédouines de mon pays,

Puise-la dans le plumage des alouettes de mon sud,

Dans la chaleur de mon  sang

Dans  la virginité de mon écriture

Dans les cahiers des écoliers

Dans mon décollage

Et des girons de ma mère !

Ö ma voix !

Ö grenier enfoui sous  les décombres de la pâleur de mes souffles,

Mes souffles qui ne sont plus les miens

Depuis que les ont quittés le vin du verbe et l’être cher !

Ö ma voix je suis rempli de ton souvenir !

As-tu oublié comment tu ensoleillais la nuit en allumant ses cassolettes ?

As-tu oublié comment tu faisais danser la pauvreté en partant à travers la fragrance de la sueur  de ses  ruelles ?

As-tu oublié comment tu faisais lever la ville en inscrivant tes chansons sur ses murs ?

L’as-tu oublié ?

Maintenant m’est venue du derrière de mes cils une femelle ayant l’air d’être bonne et honnête

M’offrant un autre œil

Et me regardant en train de sculpter pour moi  un autre visage,

Un visage versé au fond de la flamme du cri

Et dans l’Autre  qui est planté en moi !

 

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