Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :8 – Les poèmes de José Le Moigne :8 -8 : Automne

José Le Moigne

 

 

Je ne pencherai plus je crois du côté de la vie.
L’arrière-pays ne me servira plus de prisme déformant.
Derrière l’obstiné cillement
des paupières du vent l’étincelle s’aveugle

 

 

Absorbé , comme à son accoutumée, dans ses préoccupations essentiellement phénoménologiques relevant de la sensibilité plus que de la réflexion , l’auteur de ce mini-poème de forme polygonale, celle qu’il affectionne le plus ,nous propose une image-thèse que l’on peut résumer en cette relation de cause à effet :la perte d’un avantage ( un prisme déformant) + le surgissement d’un désavantage( le vent aveuglant l’étincelle) qui auraient traîné ( je crois) l’acheminement du locuteur dans une direction contraire à celle de la vie. Cette image-thèse, apparemment de construction logique, implique premièrement que le fait de s’attacher à la vie dans ce bas-monde n’est que le résultat d’une vision déformée véhiculée dans l’esprit collectif par le milieu natal (l’arrière-pays), deuxièmement qu’en réalité la vie ne peut être bien vécue, à cause des tracas et des misères ( le vent) qui l’enveniment .Et le choix du symbole du vent est ici judicieux , vu les actions négatives de ce phénomène naturel dont surtout la perturbation et le dispersion. Il en est de même pour celui de l’étincelle qui s’aveugle et dont la signification possible est l’impossibilité d’espérer, étant donné qu’elle connote normalement le début d’un état chaleureux. S’adonner aux plaisirs de la vie serait-il donc pour l’homme, selon l’auteur, une sorte de compensation afin d’oublier la réalité tragique dans laquelle il vit ?
La justesse de ces conclusions, tout en pouvant être confirmée par leur mise en relation avec le titre choisi « L’automne » qui dénote le dernier virage de la vie, ne les empêche pas d’acquérir une autre dimension existentielle : le regard que porte l’homme âgé sur la dualité : vie/mort.
Stylistiquement, ces quelques vers ont été finement ciselés, grâce à l’accumulation des connotations et des sens seconds.

 

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