Mohamed Yaalaoui, la poésie libre et la poésie de Moncef Mezghanni par :Mohamed Salah Ben Amor

Mohamed Yaalaoui

 

Depuis mon premier livre intitulé Les nouvelles formes de la nouvelle en Tunisie paru en 1972  au cours de ma période estudiantine, j’ai toujours fait lire mes manuscrits par un écrivain ou un professeur en qui j’ai confiance, parce que l’auteur d’un texte, même s’il révise minutieusement ce qu’il a écrit, ne peut être sûr de ne pas avoir laissé des coquilles ou des erreurs.

En 1995, après avoir fini la rédaction de mon livre intitulé L’évolution de l’expérience poétique de Moncef Mezghanni, j’ai contacté mon professeur Mohamed Yaalaoui chez lui dans sa villa sise à El Menzah IV et l’ai sollicité de le lire. Mais après l’avoir feuilleté rapidement, il me le rendit en s’excusant : « Je ne peux le lire .Tu connais mon opinion sur la poésie libre .Pour moi ,la seule vraie poésie est la poésie classique ».

Déçu, je lui ai expliqué que mon seul but était qu’il révise ce que j’ai écrit et qu’il n’est pas obligé de lire les fragments que j’ai cités de la poésie de Mezghanni ».

Réconforté par cette mise au point, il me donna son accord et comme il s’appétait à aller à Paris, il me fit savoir qu’il lira mon manuscrit  au cours de son voyage, me promettant de me le rendre dès son retour.

Deux semaines environ plus tard, mon professeur me téléphona en parlant, comme à son accoutumée,  à haute voix  pour me dire : «  Tu m’a  joué un mauvais tour.   Sachant que je ne reconnais pas la poésie libre ,tu as voulu me faire changer d’idée et je t’avoue que tu as réussi. J’ai vraiment aimé la poésie de Moncef Mezghanni et j’aimerais que tu me prêtes quelques uns de ses recueils ».

Ce qui fut fait. J’ai donné à mon professeur les recueils de Mezghanni, repris de lui mon manuscrit et l’ai remis à l’éditeur.

Deux mois après, le livre était dans les librairies et au cours d’une émission produite et présentée par Hassen Ben Othman  et diffusée par la télévision tunisienne, on a invité mon professeur Mohamed Yaalaoui à donner son témoignage aussi bien sur le livre que sur la poésie de Mezghanni.Et il a répété exactement les propos qu’il m’avait tenus au téléphone.

Que Dieu couvre mon grand professeur Mohamed Yaalaoui de sa sainte miséricorde !Il était, sans contestation aucune, le plus sympathique et le plus éclairé des classiques !

 

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