Trois nouveaux poèmes de Fatima Maaouia –poétesse tuniso-algérienne – Tunis

Fatima Maaouia

La boîte de conserve…

La boîte de conserve
Que tu auras pris soin 
De travailler à la main 
Et de doter au préalable de bras 
Pour la suspendre là bas
A l’ombre dans un coin 
Du jardin bouffé d’herbes 
Et de sable,

Large, bords arrondis et émoussés
Pour pas blesser
Prends garde à ce qu’elle soit aussi
A hauteur des pattes et regards !

Regarde !Y a Coquine et puis Tony
Que rien ne séparent,
Qui ne laissent rien passer 
Au hasard 
Et font un boucan du diable 
A tout casser
S’ils voient un chien passer.

Y’a Miel 
Patte cassée 
A force de grimper aux arbres.

Y a Caramel 
De naissance aveugle qui te suit 
Comme une ombre
Qu’elle a …à l’œil 
A cause du mauvais œil
Et pleure quand tu pars.

Mets-toi dans la peau du matou 
Faudrait pas aussi 
Qu’ils boivent du bout 
Des lèvres 
Dans la boîte de conserve.

Exclusivement de thon ou de sardine
Elle aura un fond bleu marine 
Avec la mer dessinée dehors, 
De l’eau pure comme de l’or
A l’intérieur 
Et aucune mandibule de requin 
Ou crocodile dans les coins.

Fais-lui une fleur 
Et même plusieurs 
A la boîte de conserve 
 Travaillée avec cœur:

Une corolle 
D’or 
Qui sort
Du sol

Puis une ou deux 
Pierres 
Pour les ablutions et la prière.

Les yeux 
Des chats chatoient
Lorsqu’ils voient
Les cristaux 
Qu’on boit

Pour les escapades et échappées belles 
Des vagues roses en trompe-l’œil 
Qui jettent fuschias orgueilleux au ciel
Du soleil, des papillons
Qui font miaou! Qui font ronron à l’horizon
Maman!
Tu te sentiras pousser des ailes.

Une voix …

Une voix
S’élève à l’instant dans le soir
Et vient à moi
Si belle que le noir
De la nuit
S’enfuit
Et que l’oiseau dans l’arbre
Que j’entrevois
Malgré l’ombre qui descend
Suspend son chant

Demain, dès l’aube j’irai voir
Derrière les arbres
Si des fleurs musicales en robes du soir
Rehaussées d’espoir 
N’ont pas poussé dans les champs.

Je t’offre des fleurs 

Je t’offre des fleurs 
Pour te mener en bateau à vapeur
Ailleurs, ailleurs 
Là où le cœur
Jamais ne meurt.

Je ne te l’avais pas dit?
Y’a toujours une place 
 Dans la vie
Si ça te dit
Pour le cœur
Qui a hâte 
Et éclate 
 En étoiles et en fleurs…

(P.-S.)
D’ailleurs
Vois,
La photo de classe
Et le cachet de la poste font foi.

 

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