Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :8 -Les poèmes de José Le Moigne:8-6 : Heureux qui se souvient

José Le Moigne

Pour Patrig

 

Heureux qui se souvient

du vol des macareux

dans le ciel gris d’automne

 

Mille petits chevaux bais

ont raclé le pavé

avec sous leurs sabots

des rêves de prophète

 

Qu’y a-t-il donc

dis-moi

qui a-t-il donc

 

lorsque le vent dépose les armes

et que la nuit étire

ses douceurs de psaume

 

Qu’y a-t-il donc

vraiment

qu’y a-t-il donc

 

dans ton regard qui s’ouvre

sur des promesses de néant

 

 

De prime abord, l’atmosphère que l’auteur de ce poème dépeint baigne pleinement dans  la nature (macareux – ciel- vent  – automne – chevaux – nuit ) sur fond de réminiscences, suscitant, chez le locuteur tout comme le lecteur ,  un état d’âme mitigé , oscillant entre d’un côté , la quiétude et le plaisir dans l’ici-maintenant (la nuit étire ses douceurs de psaume ) et de l’autre une curiosité teintée d’incertitude vis-à-vis de ce qui se passe dans l’au-delà  (rêves de prophète – promesses de néant) . Ce qui donne ,en tout, une sorte de romantisme philosophique ou religieux .

Sur le plan stylistique , le procédé de prédilection du poète est, à ce qu’il parait , de tenter de dire l’indicible, par l’exploitation  à fond de  l’effet évocateur des choses,  en les détachant de leur contexte réel et les  lançant vers un au-delà lointain et inconnu,  par le biais d’actes métaphorisants très particuliers où le comparant relève du domaine de l’inimaginé et de l’inaccessible. Ce qui révèlerait chez l’auteur , une âme avide d’irrévélés et de  mystères ( sous leurs sabots des rêves de prophète – ton regard qui s’ouvre sur des promesses de néant). Cette technique a  permis au poète  de créer des images surprenantes  à la fin des trois dernières strophes.

Un poème concis mais archi-plein d’écarts et de sens seconds profonds !

 

 

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