Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :6 – Les poèmes de Solène de Lam :6 -5 : Vagues de soupirs

Solène de Lam

 

Bercée par ses remous je me suis laissée fuir,

Devenant prisonnière de ses jeux de désirs :

 Il n’a cessé de dire que je suis toute à lui !

C’est si vrai qu’il me faut l’exprimer aujourd’hui…

 

Encore, dans mon sommeil, des images repassent

Qui sont le souvenir du feu dont je trépasse

Par lequel il façonne ce qu’il veut que je sois :

Une reine de l’amour dont il serait le roi !

 

Quand il m’a envahie et qu’encore je respire ;

Que naviguent mes sens autour de ses envies,

Je suis douce et câline, entre vagues et soupirs…

 

Quand il cède à la joie qui vient monter en lui

Pour faire chanter en moi la rougeur de mes cris :

Je succombe à ses chaînes, et toute à lui je suis !

 

 

Solène de Lam est une jeune poétesse parisienne qui écrit presque pour elle et pour  un cercle d’amis très restreint . Elle nous propose cette fois un nouveau poème qui ne diffère pas trop, à vrai dire , de ceux  qui l’ont précédé, ni du point de vue thème, ni de celui du style . Et c’est là  en soi un élément positif, parce qu’il révèle une bonne disposition à se forger un jour une expérience poétique  proprement dite .Sur le plan  du thème , c’est  encore une fois la jouissance sensuelle violente éprouvée au cours des ébats amoureux passionnés .Quant au  style  utilisé , il se distingue par trois  traits essentiels : le premier est que le contenu sémantique est partagé entre les éléments d’une dichotomie majeure  : dominant  ( le bien-aimé  ) / dominée  ( la locutrice amoureuse ) dont  à chacun d’eux est rattachée une grande isotopie : la virilité  du premier et la féminité de la seconde .La virilité s’exprime  ici  à fond par ses principaux  caractères spécifiques à savoir le dynamisme , l’activité , l’incursion , la conquête… (ses remous –  ses jeux de désirs – Il n’a cessé de dire – le souvenir du feu – il façonne ce qu’il veut que je sois – il m’a envahie – ses envies – ses chaînes ) .Quant à la féminité , elle est fortement présente par la passivité , la réceptivité , l’intuitivité , la mollesse , la liquidité  (bercée – prisonnière de ses jeux de désirs  – je me suis laissée fuir – naviguent mes sens autour de ses envies – je suis douce et câline, entre vagues et soupirs – je succombe à ses chaînes  – toute à lui je suis) de celle qui parle . Le second trait stylistique est l’intensité  des émotions exprimées par le biais de l’emphase et  le troisième , enfin , est la rapidité du rythme interne  (par lequel il façonne ce qu’il veut que je sois : une reine de l’amour dont il serait le roi !…) . La seule question qu’on  pourrait se poser, à la fin , à propos de ce poème :  le plaisir intense  que la poétesse décrit avec exaltation est-il seulement charnel ou il est accompagné aussi d’un sentiment amoureux sublime  sur lequel elle s’est tu ? Ses prochains poèmes nous  en fourniront  peut-être  la réponse  !

 

 

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