Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :4- Les poèmes de Calli Mondésir : 4-9 : Où sont les anges gardiens?

Calli Mondésir

 

 

Des cris

Des plaintes…

Des marques de pas furtifs

Des échos qui se brisent vers l’infini

 

La nuit est seule à dévisager

Le sang , à étrangler l’étalée de la terre

 

Pas un creux, pas une brèche

Pas même une fissure dans les murs du ciel

Où la lumière pourrait s’éclipser

Pour épier cette parade de chairs mortes

Sur les vagues de leurs sangs

 

D’être animal en plus

Chaque œil s’éteint et les voiles sont largués

Pour obstruer leur vue

Et l’Homme à vouloir s’échapper

Faute de lumière,

Se jette à contre gré dans les couloirs des ténèbres.

 

Anges Gardiens où êtes vous donc ?

N’avez-vous pas entendu

La création gémir sous la douleur de ces griffes

Défonçant son visage 

Et de ces canines dévorant son fourreau ?

 Vos oreilles n’ont-elles pas perçu

Le sang ramper sur les rues de la terres ?

Et vos yeux n’ont-ils pas vu sa silhouette

Escalader les marches de l’enfer ?

Et n’est-il pas monté dans votre flair

Cette odeur putride de corps inertes ?

 

Le bien se sachant le plus fort

S’est fait un obsédé de l’assoupissement

Son temps est à planer dans les nuages,

Se laisser emballer par ces buissons de fumées

Dans un coin éloigné du monde

Il fantasme son laurier de victoire.

 

Pourtant ici

Le Diable et ses démons

Piaffent dans le sang des innocents.

Et dans les nasses de l’agonie

J’entends des voix grommeler au decrescendo :

LE MAL EST LE PLUS GRAND GUERRIER DU MONDE.

 

Comme dans la plupart de ses poèmes précédents , l’auteur se montre profondément préoccupé par la dégradation perpétuelle de la situation dans le monde  où le Mal ne cesse de sévir , semant  derrière lui la terreur et les crimes les plus horribles . Et comme à son accoutumée aussi , il porte sur cette situation déplorable et inquiétante une vision  métaphysique basée sur la conception religieuse monothéiste du Bien  et du mal mais marquée d’un pessimisme sombre qui exprime une attitude purement personnelle , étant donné que les religions monothéistes surévaluent l’espoir et minimisent les effets nuisibles du mal devant la foi du croyant . Partant de ces deux idées :  la dégradation de la situation à l’échelle planétaire et la vision qu’il a d’elle , il les a utilisé  comme deux éléments constitutifs d’un noyau sémantique binaire  . Puis  de ce noyau ,  il a  généré deux grandes isotopies interférées sur lesquelles  il a distribué la majorité des unités lexicales et expressions utilisées dans le texte . Ceci est , grosso modo ,  la structure sémantico-lexicale du poème . Quant à son évaluation , je me contente de répéter ce que j’avais dit dans mes commentaires des poèmes précédents de cet auteur que le mal qui sévit sur terre n’a aucun lien avec le ciel , ni avec  cette créature maléfique appelée  diable . Il est plutôt l’expression de l’instinct animal destructeur qui est l’une des composantes essentielles de l’âme humaine . Et pour l’annihiler , les anges-gardiens ne sont  d’aucun secours pour l’être humain qui ne doit  , par contre , compter que sur soi-même , en s’armant de l’une  des philosophies de la force  à l’instar de celle de Nietzsche ou de Sartre ou de Camus ,  les seules capables de le hisser au niveau de l’homme supérieur , révolté et maître de son destin .

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