Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2 – Les poèmes d’Alain Minod : 2 -16 :Pour un bel accueil au Dalou – place de la nation

Alain Minod

Si joyeuse l’amitié résonne en partage

Alors comment se fait-il que tu t’agenouilles

En feuilletant toutes les pages de ta rage

Pour la pauvre justice partie en quenouille ?

 

Quand cette nuit qui a effacé l’horizon

Reçoit mille et mille étrangers où étincellent

Les yeux vrais de l’exil avec tant de raison –

La veille se métamorphose fleur si belle

 

A la plus proche des rives de l’infini

Accrochent leurs ancres – des gens de lointaines îles

Que toute leur patience et leur courage habillent

 

Pour échanger tant d’expériences hors de leurs nids

Que ne pas leur faire confiance serait futile

Ils dessinent mille et mille parcours qui brillent

 

 

Et tous ces profonds – secrets remueurs de cœurs

Se racontant des histoires extraordinaires

Font sauter d’un seul coup tes dernières rancœurs

Contre la pauvre humanité toute ordinaire

 

Ces rares jeunesses évadées de leur béton

Laissent vibrer de leurs voix pleines de grands rires

Les lèvres des rues en leur houspillant le ton

Qui efface sûrement tes derniers soupirs

 

Tout proches – les feux de la ville te sourient

Et ils t’accompagnent en de bien gracieux gribouilles

Que le défilé-fleuve des automobiles

 

Finit d’enlacer ce  bref poème en Paris

Que la compagnie a bien défait de sa rouille

En rendant autre justice vraiment utile  

 

 

Les poètes se divisent à un certain niveau en deux grandes catégories : ceux qui privilégient l’acte d’écrire motivé et  raisonné et le texte bien pensé et harmonieusement structuré  et ceux qui offrent une grande part à  la spontanéité et à l’inconscient. L’auteur de ce poème semble appartenir à la  première . Et cela se remarque d’abord dans le thème abordé  qui  gravite autour du problème de la xénophobie et qui est généralement un thème intellectuel qui ne peut être abordé en poésie que sous un angle très subjectif et propice  à la fascination, le but visé de tout créateur. Sur ce point , on peut dire que l’auteur de ce texte s’est bien acquitté de sa tâche et n’a nullement démérité . En effet ,  partant de la dualité  xénophile / xénophobe , il a généré deux  sous-thèmes opposés  tournant chacun autour de l’une de ces deux catégories,  tout en prenant soin de mettre la positive d’entre elles en évidence  au détriment de la négative, et, ce  par l’auto-proclamation dès le titre  de la première  et la mise en veilleuse de la seconde  qu’il a laissée tout le long du texte presque sous-entendue (  si joyeuse l’amitié résonne en partage alors comment se fait-il que tu t’agenouilles en feuilletant toutes les pages de ta rage pour la pauvre justice partie en quenouille ?  ) . En plus de cette stratégie  subtilement menée, le poète a tenu,  en parallèle, à embellir son texte d’une série d’images finement conçues pour la plupart de création pure telles que : ”  comment se fait-il que tu t’agenouilles en feuilletant toutes les pages de ta rage –  cette nuit qui a effacé l’horizon reçoit mille et mille étrangers où étincellent les yeux vrais de l’exil – laissent vibrer de leurs voix pleines de grands rires les lèvres des rues ” . En conclusion :  un bon texte malgré le caractère intellectuel et social du thème abordé !

 

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