Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1-les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1-9: Brume de sable

Jocelyne Mouriesse

Brume de sable

 

Brume de sable

Se parant de l’écume

Un ourlet d’amertume

Cavalait sur nos bleus

Au vague langoureux

D’embruns  il  les  consume

Soupirant tout de  sable

En  passant nous embrume

De déserts inlassables.

 

Notre poétesse de l’autre bout du monde écrit peu mais bien. Et c’est peut-être cette sobriété  ou, si l’on veut en terme de linguistique,  cette économie du langage qui a déterminé son option  presque définitive pour le mini-poème.J’ai dit qu’elle écrit bien parce que ce nouveau mini-poème répond totalement aux  règles de ce genre et notamment la fin surprenante qui doit secouer fortement l’esprit du lecteur et se graver profondément dans sa mémoire. D’abord  nous sommes saisis par la condensation extrême des sens seconds  dont la plupart appartiennent  à un champ notionnel majeur : la douleur morale connotée par les unités lexicales suivantes : amertumelangoureux –  soupiranteconsume déserts …Ensuite la description suggestive très  subtile,  d’un coté, du rapport d’identité entre l’intérieur  humain et l’environnement brumeux et mélancolique   (  En  passant nous embrume de déserts inlassables )et ,de l’autre,  l’opposition entre ces deux mêmes éléments : le premier est sec et aride et le second est aquatique ,  enfin l’étendue de la sensation  de sécheresse engendrée par la projection de la brume sur l’âme  humaine dont celle de l’auteure  .C’est un autre joyau petit mais très précieux .

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*