Mes études au koutteb (école coranique) par :Mohamed Salah Ben Amor

Avant de faire mon entrée à l’école primaire de Carthage Dermech, j’ai passé deux années au koutteb (école coranique) où nous asseyions par terre sur un tapis de jonc et on nous faisait apprendre le saint-Coran par cœur suivant la méthode audio-orale qui consiste à répéter en chœur après le meddeb (le maître ) chaque verset qu’il prononce, le nombre de fois qu’il est nécessaire jusqu’à ce qu’il soit appris par chacun des élèves.
Notre meddeb, qui s’appelait Salah, était très sévère et coléreux .Il était aussi boiteux .Pour cette raison , une fois arrivé dans la salle , il s’assoit qu’à la fin de la séance. Et pour nous punir, il avait un très long bâton d’olivier avec lequel il pouvait atteindre tous les coins de la salle. Et chaque fois que l’un de nous commet une erreur dans la récitation du Coran, il le frappe avec son bâton tout en étant assis, touchant ainsi tous les élèves qui sont assis devant et derrière lui. Mais lorsque les erreurs se répètent, il fait sortir le fautif près de lui, lui demande d’enlever ses souliers puis il lui enroule la corde de la felga autour des pieds et lui assène plusieurs coups sur les paumes avec un autre bâton. Chaque élève qui reçoit cette correction ne peut plus , en général, marcher et le moueddeb ordonne alors à l’un de nous d’aller appeler son père pour le ramener à la maison dans les bras , faute de ne pouvoir marcher.
Le meddeb nous faisait aussi écrire les sourates sur des tablettes individuelles en bois sur lesquelles nous écrivions avec des crayons de roseau et de l’encre noir et pour effacer notre écriture nous utilisions l’argile.
Ces deux années que j’avais passées au koutteb m’ont été bénéfiques, parce qu’elles m’ont permis d’apprendre la prononciation idéale de la langue arabe ainsi que l’alphabet arabe avant d’entrer à l’école primaire .
Mon meddeb avait vécu longtemps jusqu’à ce que j’eus fini mes études universitaires et fus nommé professeur de secondaire. Et chaque fois que je le rencontrais, je l’appelais « Sidi »(mon maître) et ressentais un mélange de peur incompréhensible et de respect. Et il me disait qu’il était fier de moi et qu’il me citait toujours en exemple.

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