Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor: 1-Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1-5 : Full moon

Jocelyne Mouriesse

Qu’allons-nous faire nénuphar ?

Un quai s’allonge sous le regard.

S’étendre est “vagues” en quelque part

L’une est de miel et l’une effare.

 

Ce mini-poème est très court me diriez-vous ? Donc il est facilement déchiffrable ? A d’autres ! Plus les textes de notre amie la poète de l’autre bout du monde sont concis ,  plus les signaux qu’elle émet pour éclairer le lecteur sont moindres et le noyau sémantique est brumeux voir complètement voilé .Pour espérer trouver une petite voie dans cette obscurité totale , essayons encore une fois le truc des isotopies si  chères au sémanticien franco-lituanien Algirdas Greimas .Vu de cet angle , ce quatrain semble en contenir au moins quatre : la première est la notion d’eau ( nénuphar qui est une plante aquatique dont les grandes feuilles rondes flottent à la surfaces de l’eau  – quai – vagues ) , la seconde est la vastitude (  s’allonge – s’étendre ) , une troisième : l’imprécision ( vague – quelque part ) et une quatrième :l’effet sur l’observateur  ( de miel – effare ) .L’idée d’eau associée à celles d’étendue  propice à la rêverie et de douceur ( nénuphar – miel ) nous renvoie au milieu natal de l’auteure : La Martinique .D’où un ton sous-entendu élogieux  et à teinte nationale .Néanmoins  , si cette lecture est juste , on n’est encore qu’au niveau  des sens seconds alors que ce texte  en comporte  au moins un autre plus profond , celui du subconscient à travers lequel apparaissent  des indices de  conflit interne entre  d’un côté :le plaisir procuré par la vue du paysage aquatique observé, doublé d’une fierté de son appartenance à la patrie et de l’autre une inquiétude existentielle inconsciente engendrée par les  notions de vague et d’étendue qui troublent en même temps l’âme de la poétesse ( effare )  . Enfin, même si l’auteure n’adhèrera pas , comme d’habitude ,  à nos interprétations , il n’en demeure pas moins que la particularité première de ses mini-poèmes est leur haute condensation sémantique née de l’accumulation des symboles , des connotations et des non-dits .

 

 

 

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