Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor (1) :les poèmes de Jocelyne Mouriesse: 1-1 – Monts cotonniers

Jocelyne Mouriesse

 

Monts cotonniers

 

L’aire de rien

L’air fragile

Eau perchée

L’air futile

Morne halo

Versatile

Où le vent emportera t’il

Les élans de mon cotonnier ?

Me voici confronté à l’un  des mini-poèmes de notre amie la poétesse de l’autre bout du monde .Et cette perspective  en soi me rappelle quelque peu le premier jour où je fis mon entrée en classe à l’école primaire en présence d’un instituteur très sévère, un bâton à la main et qui nous battait  à la moindre faute .Mais  si  je ne risque pas cette fois d’être battu à l’aide d’un bâton , ma peur d’essuyer un échec de compréhension est réelle surtout que les chances de réussite ici sont presque inexistantes , vu le verrouillage extrêmement hermétique du texte .Essayons tout de même de chercher des semblants de brèches .Et en voici une qui  semble nous interpeller vaguement : la dichotomie composée , d’un côté ,  du cotonnier que la locutrice affectionne expressément ( mon cotonnier ) et  de l’autre tous les composants de l’environnement qu’elle évoque  et  dévalorise (l’aire de rien /l’air fragile  /eau perchée  /l’air futile  /morne halo versatile ).Ce qui révèle un attachement affectif au cotonnier, tout en ayant  la sensation qu’il  se trouve dans un milieu qui lui est  inadéquat . Ceci est  au  niveau locutoire c.à.d. du Dit .Examinant à présent le Non-Dit .Ce qui attire notre attention ,  sur ce plan  , est la blancheur du coton .Et cette couleur  , qui est un symbole archétypal ,  signifie l’absence et surtout cette de l’amour , dévoilant ainsi  une angoisse engendrée par une solitude étouffante due à un éventuel échec de s’adapter au milieu social environnant   . Par ailleurs ,  n’oublions pas que le linceul dans lequel on enveloppe le mort est aussi blanc  ,  tout en faisant le lien entre l’amour et l’instinct de mort supposé par Freud et qui n’est pas seulement homonymique ( Amour / Mort ) .  A un  autre niveau , celui de l’écriture poétique proprement dite , la peur qu’éprouve aujourd’hui le poète ou l’écrivain authentique pour le  sort des fruits de son esprit se fait sentir également  à travers ce texte , surtout  à notre époque où on tend de plus en plus  à  les dévaloriser tout en  entourant de  toutes les faveurs les  pseudo-artistes ,   ” les écrivants”   ( ceux qui écrivent avec la main seulement )   et autres  charlatans  qui  confectionnent la culture dite de consommation  dénuée de toute valeur artistique et véhiculant de faux idéaux tel que la violence et l’érotisme excessif  .Un rappel toujours nécessaire : la locutrice ne s’identifie nullement à la personne de l’auteure !

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*