Mes souvenirs avec le poète tunisien feu Midani Ben Salah (1929 -2006)(1)

Le grand poète tunisien feu Midani Ben Salah était un homme de principes aux prises de position inflexibles. Il était demeuré toute sa vie fidèle à ses idées baathistes ( relatives au parti Al Baath irakien)dont il était membre depuis qu’il poursuivait ses études à Baghdâd à la fin des années cinquante et au début des années soixante .Au milieu des années soixante après la mise en application de la politique socialiste de collectivisation en Tunisie,Midani Ben Salah fut encouragé par le ministre multi-portefeuilles Ahmed Ben Salah que l’état avait chargé d’appliquer cette politique en 1962 .Il profita de cette occasion pour fonder tout un mouvement littéraire basé sur l’engagement  et le militantisme  qui exaltait les valeurs du travail, de l’altruisme et de l’amour de la patrie.  Plus tard  à la fin de l’année 1968  lorsque le régime a destitué le ministre Ahmed Ben Salah et l’a accusé d’abus de confiance et de trahison suprême avant de l’arrêter et de le condamner à vingt ans de travaux forcés ,le poète Midani Ben Salah était, avec feu le poète Jaafar Majed, les seuls à rester fidèles au ministre déchu tandis que la majorité des autres écrivains et poètes qui  avaient profité du grand soutien de ce ministre à la culture s’étaient retournés contre lui . Et c’est à cette époque-là  que j’avais connu Midani Ben Salah qui  s’assoyait avec nous dans les cafés mais ne participait à aucune activité littéraire, bien qu’il fît partie de l’association naissante : l’union des écrivains tunisiens fondée par Mohamed Mzali en 1971.Et ce n’était qu’en 1983 qu’il avait fait paraître un nouveau recueil intitulé Appétit aux éditions les quatre-vents à Tunis.

Sous le régime de Ben Ali, Midani qui a passé près de quinze ans à la tête de l’union des écrivains tunisiens était resté fidèle à ses idées socialistes et unionistes  ,traitait avec l’ex-chef de l’état d’égal à égal et l’obligeait à prendre  le maximum de décisions  en faveur des écrivains.

Et c’était pour satisfaire Midani Ben Salah que j’avais intégré l’union des écrivains tunisiens que je refusais de reconnaître depuis sa création en 1971parce qu’il avait fixé des critères sévères pour exclure les jeunes de ses rangs .Un jour, à l’occasion d’une  visite de courtoisie que je lui rendais au local de l’union,   Il m’a  tendu un imprimé d’adhésion  en me disant : «  Tu ne sortiras pas d’ici qu’après avoir signé».Et j’avais signé.

Enfin, malgré les accusations que ses adversaires portaient à son encontre (esprit de clique, comportement dictatorial,), Midani Ben Salah demeure l’une des figures emblématiques de la poésie tunisienne contemporaine !

 

 

 

 

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