Neuf poèmes, un index et un pouce par:Najd Al-Qassir – Al-Salamiyya -poète syrien

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Najd Al-Qassir

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 Lorsque le bombardement a commencé

Le poète dormait sur la poitrine de son poème

Et suite à un instant d’inattention

Il laissa le poème de côté

Et se mit à chercher où se réfugier

Quelques instants après,

La maison n’était plus que des décombres

Et les rescapés de ce carnage

Etaient neuf poèmes,

Un index et un pouce !

 

 Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor :

 

Trois points saillants attirent tout particulièrement l’attention dans ce poème :le premier est la génération du Beau à partir du Tragique ou, si vous  le voulez, du Laid , et ce, conformément au fameux mot de Paul Gauguin : “Le laid peut être beau, le jolijamais”. Et cette thèse  qui s’expliquerait  par le fait que le vrai produit artistique est celui qui ne se réduit pas à un simple calque ni même à un reflet de la réalité, s’est concrétisée dans ce mini-texte surtout par la chute déroutante qui le clôt. Et cette vérité ne cesse, d’ailleurs,  d’être confirmée PAR une pléiade de poètes syriens qui continuent  à nous épater par leurs textes éblouissants dont Furat Esbir, Suzanne Ibrahim, Linda Abdelbaki , Qamar Sabri Jassem , oumaima Ibrahim , Intissar Souleyman et autres dont bien entendu l’auteur de ce poème .En effet , menés par leur imagination féconde et leur sensibilité aiguisée , ces poètes ont fait de la guerre fratricide destructrice qui secoue leur pays  une source d’inspiration de laquelle ils ont fait ressortir des merveilles .Le deuxième point est la grande dimension humaine de cette tragédie que le poète n’appréhende pas sous un angle idéologique étroit et partisan mais en reçoit plutôt les répercussions par le cœur , faisant baigner ainsi le discours dans une nappe d’émotions qui atteint son  point culminant dans le paysage final où le poète  décrit le déchiquètement de son  corps  . Le troisième point, enfin,  est la double condition du poète qui semble voué à un destin misérable et malheureux  – et la preuve en est que sa fin  ici a été effroyable – mais dont la voix perdure malgré tout et résiste aux fluctuations du temps (  les rescapés de ce carnage étaient neuf poèmes, un index et un pouce ! c.à.d. ses textes et les doigts qu’il utilise pour les écrire ) .Un poème bouleversant, finement ficelé , alliant l’effet esthétique éblouissant et l’impact émotionnel fort !

Un commentaire

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    Bonjour NAJD AL QASSIR,

    Tout est dit dans votre POEME.
    La souffrance de votre pays, sa douleur, son sang, et le courage de son peuple.
    Vous êtes vivant, debout (encore). Merci d’exister, merci d’écrire, de nous écrire, de m’écrire.
    Merci de témoigner, dans le courage et avec la plus grande dignité.
    Mes pensées les plus fraternelles vous accompagnent.
    Mes mots me semblent bien dérisoires, pour vous dire combien je vous admire et combien je pense souvent à travers vos textes. Fraternellement. Rémy Ducassé.

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