Entretiens de la revue «Culminances»(2ème série) :3 – avec la poétesse algérienne Maissa Boutiche

Maissa Boutiche

Qui est Maissa Boutiche?

Maissa Boutiche est née à Eulma, Wilaya de Sétif (Algérie).Poétesse profuse et entreprenante .A travers ses écrits, essentiellement psychologiques regorgeant de souvenirs où l’enfance se taille une part substantielle, elle se donne l’image d’une femme contrariée par la vie mais qui prend son destin avec sagesse, s’identifiant à la femme algérienne typique, solidement liée à la terre et profondément attachée aux hautes valeurs ancestrales.

Recueils de poésie:

Chante pour moi vent de l’Est, Dar  Zemoura, ,  Alger 2012 – Cœur en lambeaux, El Wassit,  Alger  2012- Le regard d’enfant de Maissa,  l’histoire de mon enfance, Baghdadi,  Alger 2013 – Mémoire tatouée , Encre bleue , Dinant, Belgique, 2013 – Je te chante mon Algérie , Edilivre, Paris  2014 – Femme au silence enfoui, Edilivre, Paris  2014 – Sous les pieds de ma maman se trouve le paradis,  recueil en hommage à ma défunte mère et pour la femme,  Elfeyrouz 2015.


Question 1 : Les usagers de facebook trouvent étrange le nombre incalculable de poèmes que vous y publiez .On a l’impression que vous écrivez chaque jour au moins un poème. Ne voyez-vous pas que cette profusion est incompatible avec l’art poétique qui exige une longue recherche pour écrire des textes de haute qualité ?

Maissa Boutiche :  Au contraire, tous mes lecteurs sont émerveillés par l’abondance de mes odes de mon l’humble plume, je suis comme un volcan endormi qui s’est réveillé de son hibernation. Je ne peux ne pas publier chaque jour  mes pensées volantes.

En tant que femme, épouse et mère à la charge une famille nombreuse est une grande responsabilité, le temps me fait défaut pour faire des recherches, mais je m’enrichisse à lire ce que publie votre revue et d’autres pages et quelques amis et amies poètes. Les circonstances de ma vie et l’environnement dans lequel je suis née et où je vis actuellement ne me donnent pas assez de liberté pour chercher et m’approfondir dans la poésie. Je m’estime heureuse de publier sur le mur bleu car mon (je) féminin des frontières lui sont dessinées et des barrières bloquent son chemin.  C’est pour cette raison que je m’abstiens à recoudre mes plaies qui refusent de guérir.

Question 2 : Certains lecteurs imputent cette profusion exagérée au fait que vous vous contentez dans vos poèmes d’exprimer vos idées et sentiments et ne fournissez pas un effort supplémentaire pour créer des images inédites capables de fasciner le lecteur. Qu’en pensez-vous ?

Maissa Boutiche : Mes lecteurs et lectrices ne sont pas au courant de la vie privée de la poétesse que je suis, je rencontre beaucoup de problèmes que je dois affronter toute seule, les tabous et les us, me mènent la guerre et dur est mon parcours en tant qu’auteure, ils disent que la place de la femme est dans son foyer et non d’être poète,  toutes les poétesses n’endurent pas ce que j’endure, et j’insiste sur ce point,  sur ce (Moi) qui est obligée et dont la  culture ne dépasse pas celle de l’homme. Ce qui me pousse à ne pas courir derrière la gloire, ni envenimer la situation actuelle. L’essentiel, c’est d’avoir gagné de l’estime et une place dans le cœur de mes lectrices et lecteurs. Cela me suffit largement et je suis amplement satisfaite de mon parcours, malgré sa dureté.


Question 3 : Vous appartenez à un pays où l’identité fait l’objet d’une grande divergence d’avis. Il y en qui considèrent l’Algérie comme un pays arabe et pour ceux-là, tous les secteurs doivent être arabisés alors que pour d’autres l’Algérie est berbère .Dans quel camp vous rangez-vous ?
Maissa Boutiche : Je me considère comme une femme algérienne authentique, musulmane algérienne et arabe. Le plus important pour moi est que nous vivions en  harmonie, sous l’aile de la paix et la prospérité. Nous sommes tous frères en Dieu, dans la patrie et la même langue. Arabe, Amazigh, Chaoui ou M’zabi c’est kif kif. Nous sommes un seul peuple,  uni, malgré nos différences depuis des décennies et rien ne pourra changer ma conviction.


Question 4 :Vous êtes sans aucun doute une bonne poétesse d’expression français .Et preuve en est qu’on vous a édité deux recueils en France .Mais en arabe nous n’avons vu aucun de tes poèmes publié dans une revue arabe digne de respect soit en Algérie soit dans les autres pays arabes. Cela est-il dû à ce que vous maîtrisez la langue française mieux que la langue arabe ?

Maissa Boutiche : Au contraire, j’ai été publiée maintes fois dans des revues et des journaux internationaux, mais à présent, je m’abstiens à être publiée dans la revue « Culminances » qui est très importante pour moi et une autre au USA, en ce moment je ne cherche pas à être publiée dans n’importe quelle revue, celui qui veut publier mes odes n’a qu’à me trouver, je serai à la disposition de la culture et l’art. pour le moment, je me contente d’être lue par mes lecteurs (ces) qui m’encouragent.

l’essentiel que mon nom et ma poésie soient immortels dans la mémoire de ma ville la gazelle ( ex Satarno et El Eulma d’aujourd’hui) et pour les futures générations.


Question 5 : Vous écrivez vos poèmes en arabe et en français et certains pensent que personne maniant deux langues n’est capable de les maîtriser avec la même compétence. Quelle est la langue que vous sentez la plus de vous au moment de l’écriture et dans ce cas pourquoi utiliserez-vous l’autre ?

Maissa Boutiche : C’est selon la passion du ressenti de mon âme qui vaque ici et ailleurs, si c’est en langue arabe qui s’invite en mon âme,  je la tisse  sur mes pages, la même chose pour les poèmes en français. Mes débuts dans la littérature étaient en langue française que je considère un butin de guerre, suite à ma riche lecture en tant que jeune, pendant les grandes vacances de l’été de pas mal de romans en français que j’ai pu la maîtriser par la suite et par laquelle je me suis exprimée la première fois exprimée dans un poème le 02 décembre 2010.

Quand à la langue arabe, elle est venue après avoir participé à un concours international de la plume libre qui s’est déroulé en Egypte ou j’ai été classé 2ème par un poème « je suis une femme » lors de la tenue du festival au Caire ou j’ai rencontré beaucoup de plumes arabisantes, c’est ainsi que j’ai été  séduite par la finesse et la sensualité de cette langue. Mon premier poème a été « je suis une femme ». J’ai édité deux recueils en 2018 et 2019 «  de l’argile de mon corps » et « Tatouage ».


 Question 6 : Le mouvement de rue qui se poursuit en Algérie depuis plusieurs mois vise à instaurer une démocratie similaire aux démocraties occidentales. Pensez-vous que les peuples arabes ont atteint un degré suffisant de maturité pour aspirer à un tel but ?

Maissa Boutiche : Oui, tout à fait exact, le message était clair et précis, les peules sont devenus matures et demandent à vivre sous l’égide d’une république libre et non corrompue, pour un pays oû la justice sera Reine et la vie plus décente pour toute les franges populaires. En ce qui concerne le hirak, je n’ai pas participé aux manifestations, je ne peux donner un avis exact, on y trouve des gens qui sont sincères et d’autres des opportunistes. Dieu seul le sait.

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Question 7 :  Votre poésie tourne, en général, autour de deux thèmes majeurs : la patrie et l’amour. Y’at-il des causes profondes liées à votre vie personnelle qui vous ont dicté ce choix ou ce n’est- qu’un pur hasard ?

Maissa Boutiche : Oui, l’amour, un bel sentiment, plein de vie et de romance auquel tout le monde aspire, même les poètes le courtisent depuis l’ère du temps. C’est le centre de la roue et la joie de vivre. Je suis un enfant qui a été privé de sa mère, de son amour et de son affection à un âge très jeune où toute petite avait besoin de la présence de sa mère, mais hélas… Son absence m’a affecté e et m’a brisé le cœur et a bouleversé ma vie, cette fracture n’est jamais guérie, malgré mon âge et ma maturité. Il y a toujours en moi cet enfant qui cherche l’amour et l’affection. J’ai publié un recueil dédié spécialement à ma mère «Sous les pieds de ma mère se trouve le paradis» En français. Quant à la patrie, oh Dieu tout puissant, votre question professeur a ouvert une plaie béante.  La patrie n’est pas seulement une tente, une épée et un drapeau, mais un amour éternel et passionné. Celui qui n’aime pas sa patrie, n’a ni passé, ni présent, ni d’identité. Je suis amoureuse et mon amour pour elle est une passion. Mais  cet amour est partagé et mon cœur balance entre le deux  villes «  ex Satarno et la nouvelle ville El Eulma et Alger la blanche. Ne dit-on pas que la terre est l’honneur,  la tribu et les êtres les plus chers et que chaque écrivain est le fils de son environnement.  mon amour pour ma patrie est un amour avec abnégation et indescriptible. Quand je suis loin deux, ma nostalgie ne cesse de les évoquer. La patrie pour est un amour et mon encrier ne se tarira jamais à la louer et lui être dévouée et à la chanter en mes odes par tous les temps.


Question 8 : Vous avez lu notre anthologie intitulée Analectes de poésie mondiale dans laquelle vous aviez été retenue. Y a-t-il, selon vous, des points communs entre les poètes de notre époque à l’échelle mondiale malgré les différences de leurs appartenances ?

Maissa Boutiche : Votre revue est magnifique, le choix des poètes aux belles plumes, la prise en charge s’il ya des erreurs de frappes ou des coquilles glissées ici et là, suite à l’inspiration.  la diversité des poèmes et des plumes charmeuses on ne la trouve que dans les pages de votre noble et magnifique revue. On y trouve de belles odes dans les deux langues qui nous enchantent et nous font voyager dans un pays magique et parfois douloureux et d’autres dans le temps. La culture et l’art n’est pas donner à tout le monde, il faut qu’elle soit gérée d’une main de fer, publier le beau et votre intérêt pour cet art est de premier ordre. Je suis ravie et honorée de trouver une place même minime dans votre noble revue. La poésie est un message des cœurs aux cœurs. Pas de frontières, pas de barrières,elle rassemble les peuples sans distinction de leur race, de la couleur de leur peau et de leur langue, elle est un dialogue libre qui a brisé tous les obstacles et défoncé toutes les barrières. « Culminances » a beaucoup de mérite et en tant qu’humble poétesse être publiée sur ses pages m’honore, vous méritez Docteur, toutes les éloges, le respect et l’admiration de vos fines connaissances dans ce domaine qui ne vous est nullement étranger et dont vous le seul Maître.

Question  9 : Quels sont, selon vous, les qualités et les défauts du réseau social facebook dans le domaine de la poésie ?

Maissa Boutiche : Si ce n’était pas pour Facebook, mon professeur, je n’aurais jamais eue la chance de répondre aux questions de la revue, Haha … cet espace a battu le record incontestablement,  rapprochant tous les peuples du monde, contournant les tabous et brisant les restrictions entre les nations. Il a fait sortir au grand jour et au monde entier, pas mal de plumes douées, que ce soit dans l’écriture, et autres cultures inconnues. La poésie est une beauté de l’âme. Pour moi c’est une bénédiction et pour toute l’humanité  s’il sait comment l’utiliser et bénéficier de ses richesse.

Question 10 : Quels sont vos projets proches et lointains.

Maissa Boutiche : Ecrire un roman en en langue arabe si Dieu le veut. Après mes deux romans en français, «Quand la douleur s’impose » (2018) et « Nora » (2019) qui ont participé au concours national en hommage à la romancière Assia Djebar, j’ai une envie folle de commencer un, en langue arabe.

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