Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :41– Les poèmes de Dominique Montaulard Ziani :41-2 : Stop

Dominique Montaulard Ziani

Stop

 

Ce soir, j’ai envie de crier,

Crier “NON” à la violence,

Crier “NON” à la haine.

Je n’en peux plus de voir des armes

Cracher la douleur et la mort.

Je n’en peux plus de voir des femmes

Les yeux rougis de larmes,

Qui tiennent contre leur sein

Le corps meurtri de leur bébé.

Je ne veux plus voir ces images

D’enfants transformés en soldats

Pour une guerre qui n’est pas la leur,

Ces enfants qui ne savent plus jouer,

A  qui on vole leur innocence

Sans leur laisser le choix.

Ce soir, mon cœur se révulse

Devant ces photos d’humains en sang,

Devant mon impuissance.

Je voudrais soigner leurs blessures

Et surtout étouffer à jamais la haine,

La folie, la jalousie, la guerre, la violence,

Ces créatures vomies par l’enfer

Qui brûlent notre humanité.

 

Du point de vue style, ce poème pose la question de la dualité : dénotatif /connotatif , lequel  d’entre eux  devrait être privilégié au détriment de l’autre  , vu que l’auteure n’a pas jugé nécessaire de faire un  large usage des figures rhétoriques , leur préférant le langage courant  direct  sauf dans les deux ultimes vers où elle a tenu à clôturer  son texte  par une image étincelante (Ces créatures vomies par l’enfer qui brûlent notre humanité ).La réponse à cette question est que dans le cas du thème  de la guerre que la poétesse aborde ici , le réel dépasse  de mille lieues l’imaginaire,  à tel point que les mots appartenant à ce champ lexical  (violence  – douleur – mort – haine – armes – larmes – sang …) et les images   affligeantes réelles semblables à celles que  transmettent   sans cesse  les médias (des femmes les yeux rougis de larmes, qui tiennent contre leur sein le corps meurtri de leur bébé – enfants transformés en soldat pour une guerre qui n’est pas la leur, des enfants qui ne savent plus jouer, à qui on vole leur innocence  – ces photos d’humains en sang) suffisent à eux seuls pour  créer l’effet  recherché sur le récepteur ( lecteur ou auditeur )  sans avoir besoin de métaphores sophistiquées .Rappelons-nous que  pendant l’occupation de Paris   entre 1940 et 1944 , des poètes surréalistes  comme Robert Desnos  ( surtout  dans son poème « Ce cœur qui haïssait la guerre … » )  , Pierre Emmanuel  ,  Louis Aragon et Paul Eluard  avaient  lancé  tout un courant de poésie de résistance  dans lequel ils  avaient laissé de côté leur” cadavre exquis ”  au profit de thèmes patriotiques  et du langage parlé, dans le but de semer l’espoir parmi leurs concitoyens . Un poème touchant empreint d’une sincérité  sans faille !

 

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