Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :40– Les poèmes de Laurent Mourot-Faraut :40-15 :J’ai juste besoin de te dire que je t’aime…

Laurent Mourot-Faraut

 

 

J’ai besoin de te dire que je t’aime,

De valser sur des matins blêmes,

De donner de la douceur aux statues,

Qui se salissent à tous les coins de rues,

J’ai besoin de ne croire en rien,

De descendre sur des étoiles blessées,

D’imaginer tes cheveux tissés,

J’ai besoin de te dire que je t’aime,

De poser mes lèvres sur tes seins,

Que tu sois nue ou à moitié tendre,

De poser mes larmes sur tes reins,

J’ai besoin de te dire que je t’aime,

Que ce soit le matin ou à la fin,

De donner à manger à tes rêves,

De caresser mes draps avec ta main,

D’éteindre la lumière avec un gant,

J’ai juste besoin de te dire que je t’aime,

Je deviens fou, je deviens ivre,

Je fais un pas en avant pour t’embrasser,

Puis deux en arrière pour te faire danser,

Je deviens fou, je deviens ivre,

Le navire va chavirer, il m’enivre,

Je n’arrive pas à l’arrêter,

Alors je supplie la mer de se calmer,

J’ai juste besoin de te dire que je t’aime,

De poser un baiser sur ta main,

De t’emmener de ville en ville,

Pour t’apprendre mon chemin,

Celui qui t’emmène à demain…

J’ai besoin de te dire que je t’aime,

Que je t’aime, que je t’aime,

Je t’aime, je t’aime, je t’aime…

 

Lorsque l’œuvre d’un poète naît d’une expérience  profonde qu’elle soit réelle ou seulement virtuelle mais qu’il vit de tout  son être , sa parfaite connaissance de son monde spécifique lui ouvre un nombre indéfini d’horizons dans lesquels il puise à volonté des sous- thèmes jamais abordés bien qu’ils découlent d’un seul et même thème général ,ce qui s’applique à l’auteur de ce poème qui ne se répète presque jamais malgré que la majorité de ses textes traitent le sujet de l’amour . La nouveauté dans ce texte, par exemple, est l’évocation de l’usage par les amoureux de la phrase immémoriale  “Je t’aime  ” que d’aucuns considèrent comme  vachement vulgaire et dénuée de tout attrait créatif . Mais contrairement à  ceux  qui  adoptent cette acception négative , le poète élève paradoxalement la prononciation de cette expression  à la bien-aimée au rang d’un besoin vital (j’ai besoin de te dire que je t’aime : 5 fois  – je t’aime : 11 fois ) qu’il associe  à des contextes délirants  (j’ai juste besoin de te dire que je t’aime/ je deviens fou, je deviens ivre/ je fais un pas en avant pour t’embrasser/ puis deux en arrière pour te faire danser/ je deviens fou, je deviens ivre )  , affirmant  ainsi  que pour un amoureux fou comme lui , cette phrase est la déclaration la plus expressive et surtout la plus apaisante ,ce qui est tout de même original car les femmes intellectuelles et sensibles , en général , préfèrent des déclarations plus subtiles et  surtout personnalisées . Une petite remarque,  à la fin, concerne  la langue de l’auteur que l’on voit pour la première fois colorée d’une teinte érotique explicite (   j’ai besoin de te dire que je t’aime, de poser mes lèvres sur tes seins, que tu sois nue ou à moitié tendre ) .

Au niveau du style , le poète affectionne comme  , à l’accoutumée ,  l’usage massif de l’emphase comme le montrent ces exemples : (j’ai besoin de ne croire en rien, de descendre sur des étoiles blessées – j’ai besoin de te dire que je t’aime, que ce soit le matin ou à la fin, de donner à manger à tes rêves – j’ai besoin de te dire que je t’aime, que je t’aime, que je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime…) .Toujours égal à toi-même Laurent . Chapeau bas !

 

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