Dans le refuge du poète Stéphane Mallarmé au village de Vulaines-sur-Seine par :Mohamed Salah Ben Amor (Mars 2019)

 

Stéphane Mallarmé (né à Paris le 18 mars 1842 – 1898) était un poète doué au sens propre du terme. Ne pouvant poursuivre ses études après l’obtention du baccalauréat littéraire , il intégra l’enseignement secondaire comme chargé de cours d’anglais et avait exercé ce métier jusqu’à sa mort à l’âge de 56 ans avant sa sortie à la retraite. C’est ce qui lui avait fait dire qu’il était artiste par vocation et enseignant d’anglais par nécessité et n’a pas empêché Jean-Claude Lattès de déclarer que « l’œuvre de Mallarmé a marque toute la poésie du vingtième siècle ».D’autre part, sa connaissance de l’anglais bien qu’elle fût non-académique, lui a permis de comprendre et apprécier l’œuvre du grand poète et écrivain américain Edgard Allan Poe et d’en traduire les poèmes.
Croyant comme tous les symbolistes de son temps (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine … et autres …) que le monde est un mystère ,que le rôle du poète est de le déchiffrer et que la langue recèle des sens cachés, il s’était évertué toute sa vie à en dégager le maximum, ce qui l ‘avait conduit à se forger un langage inédit basé sur la condensation extrême des sens et l’accumulation des connotations, d’où sa qualification par les critiques d’« hermétique »et la considération de ce style d’écriture comme un courant poétique qu’on nomma « hermétisme ».
Cependant, bien que les préoccupations de Mallarmé ne fussent pas romantiques, il éprouvait le besoin de s’éloigner de Paris et de s’évader en pleine nature. Pour cela, il s’était mis, à partir de 1874, à séjourner à plusieurs reprises dans une ancienne auberge située sur la rive de la Seine à Vulaines-sur-Seine
au département de Seine-et-Marne et qui fait face à la forêt de Fontainebleau.
En 1789 à la mort de son fils Anatole à l’âge de neuf ans, il prit la décision de l’enterre au cimetière de ce village et de s’y installer définitivement avec son épouse.
En 1892 , cette auberge fut achetée par Geneviève Mallarmé, la fille du poète et son mari qui l’ont transformer en une habitation pour toute la famille, ce qui lui avait permis au poète de s’occuper du jardin qui fait près de 1000 met d’y planter tous les genres de fleurs qu’il aimait et sur lesquelles il écrivait des poèmes.
Ce lieu est situé à 77 kilomètres de Paris et pour y arriver de la capitale, il faut utiliser le métro puis le train puis le bus.
Ce qui était particulièrement insolite dans cette visite est que la fonctionnaire responsable du musée m’a demandé à mon arrivée si j’avais choisi exprès de venir ce jour le 18 mars.Je lui ai répondu que c’était tout à fait par hasard .Mais c’était un hasard heureux parce que j’ai visité la maison de Mallarmé le jour de son anniversaire !


Le poète Stéphane Mallarmé s’occupait très soigneusement de son jardin et il y avait écrit plusieurs de ses plus beaux poèmes. Rien ne l’inspirait comme les fleurs et la Seine.
Dans une lettre adressée à sa fille Genévrière datée du 27 mai 1897 il écrivit :
« Je t’ai dit avoir tué les pucerons des rosiers avec de la nicotine infusée par moi.Tous les matins je me promène avec le sécateur et fais leur toilette aux fleurs avant la mienne ».

La création en littérature telle que la voit le poète Stéphane Mallarmé :

“Le remarquable est que, pour la première fois, au cours de l’histoire littéraire d’aucun peuple, concurremment aux grandes orgues générales et séculaires, où s’exalte, d’après un latent clavier, l’orthodoxie, quiconque avec son jeu et son ouïe individuels se peut composer un instrument, dès qu’il souffle, le frôle ou frappe avec science; en user à part et le dédier aussi à la Langue.”

Stéphane Mallarmé incarnait sans doute l’exemple du poète doué mais aussi cultivé et avide de savoir, car si le talent en poésie est primordial il n’en demeure pas moins que les connaissances vastes et diversifiées ouvrent au poète de grands horizons.
Et vous n’avez qu’à jeter un regard sur le contenu de sa bibliothèque pour voir à quel point ses lectures étaient diversifiées (histoire, mythes, philosophie, musique, peinture, théâtre, astronomie…etc. ) en plus bien entendu des recueils de poésie et de nouvelles et des romans.

Le 8 septembre 1895, Stéphane Mallarmé est victime d’un spasme au larynx qui a failli l’étouffer .Il recommande à son épouse et sa fille de détruire ses papiers et ses notes. Mais heureusement pour nous, elles s’abstiennent d’exécuter sa demande. Et grâce à cette attitude sage, nous voyons aujourd’hui quelques notes manuscrites du poète accrochées aux murs un peu partout dans sa maison et le reste est conservé dans des registres que les visiteurs peuvent feuilleter.
( Dans la photo , la chambre où mourut Mallarmé)

Soupir
Par : Stéphane Mallarmé (1842-1898)

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
Un automne jonché de taches de rousseur
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
— Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

J’ai fait une assez longue descente au Néant pour pouvoir parler avec certitude. Il n’y a que la Beauté ; — et elle n’a qu’une expression parfaite, la Poésie.

 

 

 

 

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*