Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :12 -Les poèmes de Fatima Maaouia:12 –8: Soif…

Fatima Maaouia

 

Bienvenue au pays  de la Soif…

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Soif…

Soif qui décoiffe

 

Inscrit de cris goûteux

Sa   lie…

Qui ligote

Et qu’on lit

Goutte à goutte…

Mots durcis

 

 Ecoute

Le moment, croûte  qui s’égoutte

Pschitt… pschitt

Goutte de sueur…

Mont de peur !

Snif… snif…

Larme, qui biffe

Et l’homme et le rif

 

Tic tac

Lac de sang…

Qui descend

Et l’on voit

Qui perle, et déferle :

Le chant asséchant

Larme, hameçon :”Lame- Lacère – âme”

Au front

Et l’homme chancelle

Et les monts ruissellent

 

Et l’on boit

Lourde de peur

Lourde de moisissure

On la boit sel

On la boit gel

On la boit…aux abois

Soif, soif !

Qui décoiffe !

(ben voui,l’ami-e-  ! pas de doute!

La route,

Vouée au doute,

Ça vous essore et ça vous broute

Goutte à goutte…

Ça vous broute

Et écorche et vous désosse sous écorce

Quelle que soit sa force

Un homme

Sans écoute

 

Ça embroche

La soif griffes goulues qui de zone en zone

Et de port en port

Agrippe, biffe

Brûle, broute, scotche

Et plonge dans le bain

Comme rien

Pores, spores, arômes, songes chemin…

 

On a beau « naître »… être ou prétendre être quelqu’un :

Sans drain aux reins …

« Je suis »…n’est Rien !

 

Quand enfin

À l’horizon se profile un chemin

Une vraie main…

Le sel de la sueur

Le gel de la peur

Larme, lame de sang

On les descend !

 

Pour que l’espoir se cisèle

On se sera auparavant

Coupé tant et tant de veines…

Coupé tant et tant de veines

Et sculpté goutte à goutte

Au Ciel interne profond

Antidote au sel

De l’exil et du doute…

L’Elixir d’or qui éclairant la main minuscule

Recréées « œil, paume »

Lèvera alors haut le front…de l’homme

Majuscule…

Debout et sans boue

Indemne de blême et d’œdèmes

 

PS:

Pour une bonne connexion

Aux sillons

Et une navigation…

Dans les meilleures conditions …

Sans goutte aux articulations…

Sous peine d’être transformé en statue de sel

Recommandations d’extrême importance !

Capitale et vitale…

Pour l’essence de tout végétal!

Surtout ne me dites pas que vous aimez ça de loin!

Ardu, long, et plutôt sec est le chemin

Un vrai désert!

Pour les commentaires

C’est pas la mer à boire!

De l’eau claire!

Bonne à boire!

En un mot,

Des mots…

En os et en chair!

Lubrifiants Omo-anti clacaire

Des artères!

Vous avez tout ce qu’il faut sur l’étagère

Pour que ça étincelle!

Broc,onde, pot, puits, océans…Ether

et surtout …vous!

N’y allez pas du bec de la cuillère!

Erg, Reg, Terre!

Etanchez à fond votre soif de commentaire…

La soif…puits sans fond…

C’est profond!

 

Ecrit en 2009 , ce poème n’est pas lié  directement à la situation actuelle qui prévaut en Tunisie  depuis l’avènement de la révolution . Mais si l’on  considère les idéaux que la poétesse  y  défend  , on   constatera qu’il n’en est point  loin   et pourquoi pas même  en plein vif du sujet .En effet , si l’on tient à  l’idée de l’Homme Supérieure ,  si chère à Nietzsche , avec laquelle l’auteure a clos son texte  en proclamant solennellement : « L’élixir d’or qui éclairant la main minuscule/ Recréées « œil, paume »/ Lèvera alors haut le front…de l’homme/ Majuscule…/ Bout et sans boue/ Indemne de blême et d’œdèmes »  , on voit bien que tout le poème s’inscrit  dans l’élan général qui avait animé les jeunes révolutionnaires tunisiens ,   pour la plupart  des diplômés chômeurs auxquels s’étaient  joints  des centaines de milliers d’autres catégories de  marginaux ,  lorsqu’ils sortirent dans la rue  le 17 décembre 2010 , exigeant  à haute voix  leur droit à la dignité : « Le travail est un droit ô bande de voleurs ! ». Ces jeunes, n’appartenant à aucun courant politique , avaient porté l’espoir  de l’établissement d’un nouveau ordre social  érigé sur des bases réellement humaines et dont tous les membres sont  égaux et jouissent d’une vie  honorable. Il s’agissait bien donc d’une vraie soif  d’une vie meilleure qui ne pouvait être étanchée que par un changement radical mais positif  qui rétablirait la dimension humaine dans une société où l’esprit de profit et l’égoïsme  ont creusé  de larges fossés entre les classes et les générations . Et tous les signes   aujourd’hui indiquent que cette  soif s’intensifie  de plus en plus , ce e qui montre le degré d’actualité atteint par ce poème .

Enfin ,  au niveau  du style , la poétesse  , affectionnant les discours extrêmement longs et   passionnée par le ludisme linguistique   , est  , comme d’habitude ,  égale à elle même.

 

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