Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :31–Les poèmes de Didier Hippon: 31-6:J’écoute…

Didier Hippon

 

J’écoute

Les battements de

Mon cœur

Comme

Cette mer

Allant

Et venant

Me minant

Sur place

Quand

Je n’ai pas su

Garder ma place

C’est trop

Cela a été

Peu dire

Au couleur

Madras

J’ai coloré

Chaque instant

De mon temps

Désirant

Son temps

Au désireux

De te mettre

A ton aise

Malgré

Mon cadre

De miséreux

Je me cadre

 

J’écoute

Les battements

De ton cœur

Dès le moment

Que tu ouvres

La bouche

J’ai été touché

T’entendre

Cette voix

Qui me faisait

Frissonner

Comme un

Bruit de guitare

Je me suis mis

A l’écouter

Jusqu’à tard

Dans la nuit

 

Nous voila donc en présence d’une expérience poétique tout à fait nouvelle,  aussi bien au niveau de la forme que celui du fond et qui nous offre un tableau totalement opposé  auquel nous nous sommes habitués dans les écrits de cet auteur. De l’âme meurtrie  , constamment  aux prises avec  les  sentiments  d’éloignement , d’abandon  , de nostalgie amère et de  désespoir  , on est passé , comme par enchantement , à un équilibre psychologique et émotionnel presque parfait . Et la preuve en est  l’éclipse quasi totale des affects négatifs qui embrumaient  continuellement la psyché du poète et dont il ne reste que   quelques traces  minimes  pareilles à de petites blessures  non encore cicatrisées  ( malgré mon cadre de miséreux je me cadre  ), ce qui    lui  a , sans aucun doute , déblayé la voie pour goûter le vrai amour , l’amour en soi  avec ses plaisirs intrinsèques enivrants et non en tant que refuge comme il l’avait toujours vécu et senti . Et c’est ce que nous offre ce poème surprenant où le discours de l’auteur-locuteur est profondément  imprégné de volupté et dont la texture figurée et sonore est  subtilement ornementée d’images saisissantes  (  j’écoute les battements de/ mon cœur/ comme/ cette mer/ allant/ et venant   —  d’entendre/ cette voix/ qui me faisait/ frissonner/ comme un/ bruit de guitare  ), de couleurs gaies et exotiques  (  au couleur/ madras/ j’ai coloré/ chaque instant/ de mon temps  ) et de sonorités agréables  créées au moyen de la paronomase (désirant / désireux ) et de la diaphore  ( réutilisation du même signifiant avec deux signifiés différents : sur place quand je n’ai pas su garder ma place –  mon cadre de miséreux je me cadre ). Et c’est ainsi qu’une fois le ciel du poète s’est éclairci, il s’est mis à cultiver du beau et  avec quelle finesse !

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