Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 29–Les poèmes en duo d’Elena Martinez et Mohammed El Qoch: 26 -2: Douleur jumelle…!

Elena Martinez et Mohammed El Qoch

 

 

Au bord du précipice

 Prise de vertiges

 Je lève mes yeux vers le ciel clément

 Chute inversée Fragments d’irréel

 Offensée, vais-je perdre pied?

 Me lancer dans le vide

 Ou résister au grand saut?

 Qui nous catapulte tout en haut 

 

La pénombre, le couloir noir, le temps

 Le vent affolé, le ciel si bas, 

 Quelques larmes, la pluie arrime

 Balbutiements de lèvres, cheveux défaits

 Mémoire tatouée, douleur jumelle…

 

Au bord de l’abîme

 Mon cœur se comprime

 Je tends en vain une main

 Le temps passe à l’aveuglette

 Personne ne vient à la rescousse

 Comme dans un labyrinthe sans issue 

 

Serais-je condamnée à gémir

 A me terrer, à me taire,

 A trouver refuge dans cette solitude

 Gouffre âpre et amer?

 

Entre béton et bitume,

 Je déambule à la croisée des regards

 Bousculer par une foule anonyme

 Qui m’engloutit dans le flot de son indifférence

 

Et je rêve d’un monde plus humain

Sème autour de beaux sourires sains

 Sur ces visages tristes, mesquins, robotisés

 L’espoir semble à tout jamais s’être éteint

 Soudain, contre toutes attentes, 

 Ses yeux trouvent les miens…

 

Né d’une conception artistique  finement élaborée, ce nouveau poème du talentueux duo la poétesse hispano-canadienne Elena  Martinez et le poète  Mohammed  El Qoch se distingue ,  en premier lieu  , par le stratagème  esthétique par le biais duquel ils l’ont généré et qui consiste à retarder délibérément son noyau sémantique à l’ultime vers (ses yeux trouvent les miens… )  ,closant  ainsi  leur poème une  fin aussi surprenante  qu’agréable  Elle est surprenante parce tout ce qui précède  a été marqué par un ton  douloureusement plaintif  qui laissait penser jusqu’à  l’avant dernier vers  que  la fin serait  aussi  sombre  . Et elle est agréable  du fait que l’univers  cauchemardesque plongé dans un noir absolu  et  à l’intérieur duquel se débat la locutrice  tout au long du texte   se détend et s’illumine  brusquement  annonçant le passage vers un monde qui lui est tout à faut contraire : le monde paradisiaque de l’Amour où les maux dont elle se plaignait  céderont leur  place au bonheur et à l’extase . Telle est l’astucieuse technique que le duo  a mis en œuvre dans la structuration  de ce poème. Quant au niveau  des détails, l’accent  y a été mis sur  les désagréments dont souffre la locutrice  par l’usage massif de l’hyperbole  pour que le renversement final de la situation soit le plus surprenant possible. Et le résultat  a été conforme au but projeté . Encore un joyau ô  talentueux duo . Continuez  sur ce même élan !

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