Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 27–Les poèmes de Patricia Royet :27-14 : Vaudou

Patricia Royet

 

C’est dingue,

Je devine tant l’amour,

Sa couleur, ses épices,

Que l’harmonie de son chant,

Dans tout les solstices,

Comme la nuit au souffle caressant,

Ton corps dénudé rayonne,

Une chaleur qui m’enveloppe,

Mes courbes tourbillonnent,

Mes creux bouillonnent,

Nos chemins se rejoignent,

Le miel de tes lèvres coule sur moi,

Et perle jusqu’à la source de mon émoi,

Ta bouche est une magie humidifiée,

Une nappe de ciel étoilée,

C’est un conte de fée,

Je rêve aux milles et une nuit,

Ton regard luit,

Je suis reine de Sabah,

Dans l’éclat de tes draps,

Lit de maintes sorcelleries,

Sous le génie de la lampe,

De mes vœux,

Dans l’obscurité de la chambre je veux,

Comme un serpent me faufiler, me déhancher,

Au rythme de ton sucre doux,

Ton sel enivre mes sens,

Je veux danser,

Je suis en transe,

Vaudou.

 

En principe, aucun sujet n’est tabou en littérature qui est le domaine de l’imaginaire par excellence, y compris les thèmes que l’on qualifie d’habitude d’ “osés”, du fait de leur lien très étroit avec l’érotisme excessif mais  à condition que le texte dans lequel ils sont abordés réponde aux critères très stricts de l’art . Personnellement, je trouve qu’un discours de ce genre ne peut être proféré que  dans un  cadre restreint et très intime et ne doit en aucun cas être adressé au public , car si entre un homme et une femme qui s’aiment tout est permis , il n’ y a aucune raison  de mêler à une ambiance qui ne les concerne qu’eux d’autres personnes même fictives  à laquelle elles sont étrangères . Cependant, en tant que critique , seul le côté esthétique m’intéresse  et  sur lequel uniquement je bâtis mon jugement . Ainsi, si on ne tient compte dans le poème ci-dessus que de ce côté , il semble n’enfreindre en rien  les principales règles modernes de la poéticité . Et cela se remarque sur deux plans :  le premier est l’exploitation de la sorcellerie Vaudou comme champ métaphorique  source pour décrire l’exaltation et l’ivresse que l’acte amoureux accompli avec l’être cher a procurées à la locutrice  , le second est cette série d’images  attrayantes  et finement confectionnées  au moyen de différentes sortes de figures  telles que  ( ton corps dénudé rayonne/ une chaleur qui m’enveloppe/ mes courbes tourbillonnent/ mes creux bouillonnent- ta bouche est une magie humidifiée/ une nappe de ciel étoilée) – dans l’obscurité de la chambre je veux/comme un serpent me faufiler / me déhancher,au rythme de ton sucre doux ”  .

Enfin, si le discours de la poétesse peut choquer certains lecteurs conservateurs , sa forme artistique elle, est apte à convaincre les connaisseurs modernistes les plus réticents .Bravo Patricia !

 

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