Dans les bras des jours/et/ Tatouage tout en nuages : deux nouveaux poèmes de Mokhtar El Amraoui – Mateur –Tunisie

Mokhtar El Amraoui

Dans les bras des jours


Recroquevillé en chandelles
De vrilles chantantes,
Il recrée les cendres de ses lunes
En cris perdus
Dans les labyrinthes des appels,
A imaginer le poids en insomnies,
En jasmin noir,
De cette rage de page rêvée
Branches où s’accrocher
En rêves d’allées ailées,
Pour goûter au fruit tant convoité,
Attendu dans sa lumineuse sonorité
De réverbère
Pêcheur tout fumant en orbes salés
Et un poisson
Scintillant dans le sommeil du chat
Et un chat un
Miaule la parure
Miaule la dorure sous les cuisses de la rime
Qui s’arrime au bateau qui l’emporte loin du poème port
Et un port un
Et un poème un
Jumeaux embrassant l’enfilant
Le vent embrasé,
Derrière ses paravents et ses fouets allumés
Sur les escaliers que peint sifflotant
Le soleil rigolard de la Casbah
Et un soleil un
Rythme les bras des jours
Qui se tendent vers la mer
Et tant de lourdes heures !
Recroquevillé,
Pour seul refuge
Cette flaque d’ombre
Sous le lampadaire à cicatrices
Aux silences du miroir !
Une vague ensanglantée
Vient mordre l’errance de son étoile
Et les prairies de sa voix
Au couloir de son extinction florale
Qui crie sa suite, sa danse en damier,
En phrase blessée
Ou en rue oubliée
Qui ressurgit d’un dernier rêve !


Tatouage tout en nuages

Depuis tout enfant,
J’ai toujours rêvé de me tatouer plein de nuages
Des pieds jusqu’au visage,
Pensant, un jour, que j’en serai un
Pour partir libre  comme eux en voyage !

Mais en attendant,
Pour  remercier  mes superbes amis
Qui s’offraient à moi en albums d’images infinies,
Toujours pleins d’interminables surprenants cadeaux
Me jouant, me dansant tant de rivages, de paysages,
Devenant tantôt dromadaires, tantôt chevaux,
Chapeaux de magiciens ou bateaux !

Je les cachais dans les oreillers
Les armoires, les  placards, les  poches,
Les souliers, les gants, partout, partout
Là où je pouvais leur offrir un ciel
Où je les retrouvais élastiques animaux
S’étirant en  mille et un contes et sauts
M’apprenant une géographie sans frontières, sans barreaux
Ni sang ni larmes, sans esclaves, sans bourreaux !

Mais dame pluie envoyait toujours ses terribles agents
Le tonnerre et les éclairs
Qui ne cessaient de cogner, tonitruants,
Contre les murs, les portes et fenêtres de la maison !

De crainte qu’ils ne les démolissent,
Et pour m’épargner les grondantes punitions
De mes parents, moi leur complice,
Mes amis nuages tout compatissants
Et déjà en larmes, se livraient à cette impitoyable police,
M’embrassaient et malgré eux me quittaient en rang !

Et moi, impatient,
Je demandais à mon âge
D’accélérer les saisons
Pour retrouver mes chers amis les nuages
Gravés pour toujours sur tout mon corps
En un immense voyageant tatouage !

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