Un nouveau bouquet de poèmes de Fatima Maaouia – poète tuniso-algérienne – Tunis

Fatima Maaouia


Éden…
Éden…
Prairie riante du libr’Etre
Rivières parfumées
Jardin bras potelés sans fin, sans œdème
Bafoués 
Et sans maladie
Eden, Éden
Qu’on ne fait qu’humer
Depuis qu’on est né 
Reine des pampas,
Là, 
Est la fierté des plaines 
Le Verger de l’oubli 
Qui coule sources béatitude et bienfaits 
C’est toi 
Éden
Nid
Où l’on ne fait que naître 
Où l’on marche nu sans froid
Ni ennui
Sans peur du paraitre
Et sans souci
Il aime les couleurs et les nuances
Les cœurs s’y reconnaissent et fiancent
Leurs fleurs et essences

Eve 
Rêve 
De donner 
Son cœur
À Adam
Adam crève 
De donner la fleur 
De son âme 
À Eve Nawara libre Miss Beauté
Grâce 
Printemps et Élégance 
Et été 
De l’univers

Éden
Aime les couleurs et les nuances
Les coeurs qui se fiancent
Il glisse quand même à l’insu
Des gens 
Bras nus, 
Qui s’aiment 
Un serpent 
Rance 
Cigüe
Dans les ronces 
Qu’il finance 
En brume, désespoir, écume et chenilles qui avancent

Et voila que tout feu tout flamme
Sautillant, serpentant
Le serpent…
Maudite engeance
Qui hante, réfrigère et digère le paradis même 
Parle la bouche pleine de haine 
Et sème 
Dans le cœur de ceux qui s’aiment
Le poison du silence et de la distance 
Se présente 
Il convoite paix et fête 
La carte mémoire 
L’épopée et la paix de l’éden
Le territoire 
La gaîté des filles 
Le lait de brebis, 
Plus blé et moire
Des oliviers et figuiers délices
Lourds d’étés…

Fin des serments et baisemain
Eve et Adam sont dans le bain 
Le palmier devient squelette
Plus rien dans les têtes et les assiettes

Sans courtoisie 
Le paradis
Herbe blette
Brûlé d’ortie
Comme peau de chagrin se rétrécit 
Se rétrécit sous leurs pieds

Un champ magnétique d’étrange jasmin 
Meurtrier 
Monte mauvais œil au poing
Du jardin ahuri
Déploie
Nuit, froid et poix aguerris 
L’hiver étrangle lune
Dune

Trait et boit
Treille ,olivier merveille et puits …

Routes de la soie
Se tordent les bras
Tombent dans les pommes 
Tressaillent et grésillent
Eve et Adam sont au plus bas
Tous les experts du monde 
Les montrent du doigt
Surtout Eve trop gourmande
Pour mauvaise gestion et indigestion 
Dûes à ingestion de pomme

Jouant du tambourin
Des épaules et du gourdin
” Le Comité Olé, olé ! Amis du Paradis”
Qu’on sait
Et tristes alliés réjouis 
Qu’on tait…
Paf!
“trait 
Après la très grosse claque 
Arme de destruction massive
Des rives 
De l’Irak….
Attrait 
La Libye transformée en flaques …
Ou à peu près…

Après ???
Herpès généralisé et tristes perspectives !
Tremblez les rives !!!
J’arrive !!!

Éden
Capte comme rien eau vive, fruits, sol 
Jusqu’au pétrole…
Soies et mousselines fines de Syrie
Verse des versets jasmin chatoyant venin
Dans les veines et intestins 
Du jardin…
Aucune plaine
De près ou de loin 
N’échappe à la faim…de paradis sans fin
Éden
Déflore même 
L’hymen du Yémen

 

Le palmier
Pour soigner failles et bobos
Qui faisaient la peau au terreau

On planta un palmier bébé tout neuf tout beau 
Dans un quartier chic du Lac
D’un pays très lointain
Affecté par le mildiou du jasmin 
Et l’on crû l’affaire dans le sac

Manque de pot
Sans doute du fait
Du nombre de flaques d’eau
Qui constituaient son berceau
Et son lait…

Le palmier
Grandit d’un coup 
En chaos…
Plus tôt et plus haut que les os …
De ses dents de lait
Jaillissent des crocs

Cambriolant alors 
Le jour, auquel il devait tout
Le tronc 
Eut le défaut de préférer le vile plomb
A l’or 
Ardent des cœurs
Fondateurs 
Et en plus le vice
De miser sur le mauvais fils

De matin en matin 
Au grand dam du jardin 
Perdant poids, pieds et mains 
Le palmier
Devint nain

Depuis 
Coquille sans vie
C’est la foire d’empoigne 
À bord
Bossu et borgne 
Avec des cornes 
Le palmier que rien ne soigne 
S’éloigne
Au fur et à mesure de l’équateur … des cœurs
Érige murs et vertige
Sur chaque tige

Ça va
Ça va, on le sait tous 
Que sous housse 
Peu d’êtres vont bien
Et c’est profond 
Et ce n’est pas bien
Et ce n’est pas rien
Surtout que ça ne touche pas un…
Et que tous les autres
En sont atteints

Et ce n’est pas faute 
Pour retrouver le feu éteint 
Et aller mieux 
De ne pas avoir essayé toutes sortes 
De remèdes miraculeux
Qui font du bien :
Philtre, potions, frisson, massages,
Bain de mousse, messages, 
SOS,
Herbes anti stress 
Livre, lecture, cinéma, prière, sport, 
Luth, amours, poésie
Parfums, or, vin…

Or
Et ça, je l’ai vu de loin
De coin en coin
Défiant la mort et le vain
Levain toujours inattendu au poing 
Tendant la main
Et sans prendre de gants
Seule la magie de la vie
Permet de pousser de l’avant
Le cœur
Pour que se prenant en main 
Il prenne de la hauteur
De quoi oublier l’heurt
Retrouver son chemin
Pour ne laisser sous le pas
Que ce jour là, 
Et puis aussi cette joie, cette autre là 
Et ce ce sourire là …et là…. ce bonheur là

 

Qui vous dit…. ?
Qui vous dit que la poésie
Aujourd’hui est à l’agonie
Se meurt et qu’elle est vaine ?

Hors d’haleine, la poésie ?
Parlez, pour vous-mêmes !

Je n’en crois rien 
Pas une seconde !
Gemme
Coloré et limpide
Transporteur d’onde et de fluide
Pointant son regard sur le monde 
Gorge montagnes et plaines 
Pleines 
Fleurs
Songes, cris, sanglots
Chants, pleur beauté
Et difficultés
Du monde 
Qui saigne 
Une main 
Sur le cœur
Sa fleur 
Souveraine
Que j’aime
Et sème 
Qui enseigne 
Et met en scène
Joies, peines humaines
Coule d’elle même
Vibrant oxygène
Vin neuf et vieux 
Qui murmure et pleut
Dans les artères
Et veines de la terre
Qu’il régénère …

La poésie 
En boire un peu…
Toucher à son feu 
C’est presque devenir dieu !

 

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*