Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1- 25: Graines du monde

Jocelyne Mouriesse

 

Graines du monde

 

D’ailleurs venue

J e vais mes yeux

De par le monde

Nombril à la rencontre

Nombril sur l’horizon pressé

Passagère d’ailleurs

Je vis aux bords de la rupture

Je ressens les cieux boursoufflés

J’attends dans l’ombre

Que l’eau rage soulève

Un grand vent de courage

Entre les nuages et la feuille

J’attends le temps de prendre brise

J’attends le temps de me couper

De la peur étendue

D’ ailleurs

Je te germe ce cri

Un espoir ventral et têtu

Sa vue de graine

La vue d’ensemble

De semer

Par courants aériens

L’à-venir d’un monde géant

 

Après plusieurs mois d’absence, notre amie la poétesse d’outre Atlantique nous revient et avec style d’écriture totalement nouveau .Je me rappelle que pour commenter l’un de ses anciens poèmes, il me fallait le  déchiffrer mot par mot pour en sortir à la fin bredouille, tellement elle se cloîtrait dans  un symbolisme inintelligible  .Ce nouveau poème , par  contre , sans verser dans la langue commune et tout en étant fidèle aux règles d’or de l’écart et de l’anomalie poétiques , son idée charnière est claire et nette .Il s’agit d’une aspiration enthousiaste qui traverse une locutrice littéralement agacée par la dégradation horrible de la situation qui prévaut dans le monde à un changement rapide et radical qui mettrait fin aux guerres, aux atrocités et à la misère et ouvrirait à l’humanité des horizons  cléments.

De ce fait, c’est peut-être la première fois que l’auteure écrit un poème qu’elle construit sur une dualité nette : un vécu obscur/et un rêvé radieux. Au premier élément se rattachent les vocables (horizon pressé –  cieux boursoufflésnuages ) et au second les expressions et les mots  (espoir ventral  – graine  – L’à-venir d’un monde géant ). Mais puisque cet avenir rayonnant et heureux n’est que souhaité ,il n’y a, selon les dires de la locutrice,  qu’une seule solution pour l’atteindre : la force et plus précisemment une sorte de révolution au niveau planétaire qui mettrait fin à la haine, au racisme, à l’hégémonie ,à l’exploitation, au terrorisme et à tous les autres maux dont pâtissent les êtres humains. Pour cette raison,c’est tout à fait naturel que cet évènement perturbateur espéré se trouve attribué une bonne part des unités linguistiques mises en œuvre dans le  texte (rupturel’eau rage soulève un grand vent de courage–  J’attends le temps de prendre brise -J’attends le temps de me couperde la peur étendue-  courants aériens…).

Stylistiquement, le report du noyau sémantique du poème à l’ultime vers ( L’à-venir d’un monde géant) a contribué à le  doter d’une fin surprenante .

Ce poème marque-t-il l’inauguration d’une nouvelle expérience ? En réalité, la réponse nous la connaissons : cette talentueuse poétesse a pratiquement abandonné ou presque l’art poétique depuis 2012 pour se consacrer au militantisme environnemental dans son île En tout cas, gardons-nous de toute anticipation, car le futur est entre les mains de Dieu !

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*