Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor :1- Les poèmes de Jocelyne Mouriesse :1-26 : Des haïkus

Jocelyne Mouriesse

 

 

 

Tremblement de « taire »

La terre tremble

Les mots sillons

nos vides combles

 

La terre tremble :un évènement qui peut bien être réel ou imaginaire ou symbolique ( un bouleversement politique ou social par exemple ).Le vocable « Les mots sillons » connote les cassures à la surface de l’écorce terrestre créées par un séisme .Mais puisqu’il s’agit ici de mots, le sens probable est que les bouleversements qui se sont produits ont influé sur la structure du langage humain par la création de néologismes et de nouvelles expressions…).Et cela est vrai .Nos vides combles: peut signifier l’intérieur de l’être humain lorsqu’il se remplit de peur , d’angoisse , de désespoir etc…On remarque une gradation de l’extérieur vers l’intérieur et une relation de cause à effet entre le premier évènement et le deuxième et entre le deuxième et le troisième donc par syllogisme entre le premier et le troisième .Et Dieu seul sait !

 

L’écho des passés

 

L’écolière délacée
la grenouille bredouille
l’écho aux cent voix

 

De l’adjectif ” délacée” se dégagent deux connotations : l’insouciance et l’euphorie infantiles. Le mot “écolière” renvoie peut-être à l’enfance de la locutrice .Les deux derniers vers présentent un cadre purement sonore allant en s’amplifiant pour aboutir à une sorte de feu d’artifice abstrait .Et cette fin éblouissante est conforme à l’une des normes principales du haïku .La suppression de tout élément visuel dans l’environnement de l’écolière rend le cadre propice à la rêverie et à la concentration sur ce feu d’artifice sonore final ” l’écho aux cent voix” .Cette condensation d’écarts et de connotations est la deuxième réglé qui régit  ce genre poétique . Feuille…c’est bien deux « l »

 

Sous la lune une feuille 
s’est encrée de la nuit 
Deux ailes pour s’envoler

 

Essayons de déchiffrer ce haïku : la feuille qui s’envole peut bien signifier  l’espoir qui s’évapore .Le noircissement de la feuille s’accorde avec  cet espoir qui s’évanouit. Deux ailes : cela veut peut-être dire que cet espoir était partagé. Ce qui intensifie le désespoir. Sous la lune : la lune

N’est ici dans le contexte où elle est présente qu’un simple astre et est loin d’être un corps lumineux étant donné que que la nuit est noire comme l’encre.  L’adverbe “sous ” connote la notion de bassesse qui s’accorde aussi avec l’atmosphère générale où règne le désespoir. Sur le plan stylistique, notons cette image saisissante ” “s’est ‘encrée de la nuit”. Et Dieu seul sait !

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