Miettes/Rosée, je ne sais pas pleurer : deux nouveaux poèmes de Fatima Maaouia – poète tuniso-algérienne –Tunis 3 mars 2018 Fatima Maaouia Miettes Je ne suis pas Auteur de miettes… Non, je regrette ! Même, si parfois Pour prolonger leur vie Lorsqu’elles ont trop froid Et crient Il m’arrive volontiers d’en ramasser Quelques paillettes Qui brillent Que je mets dans mes écrits. Je ne suis pas auteur de miettes… Même, si par ailleurs Suis souvent en miettes Dont je ne suis en rien l’auteur Je ne suis pas auteur A la sauvette de miettes Que souvent Je recueille, sauve des vents Tempêtes et feuillette Pour voir ce qu’il y a de vivant dedans Qu’on rejette Pour la raison Qu’une simple miette très souvent M’émiette En ramassant Un éclat de verre …qui se brise Je me mets toujours à hauteur Douleur et surprise De la clameur De ses cris perçants Un cristal qui tombe Ça me rappelle toujours le napalm Et les bombes Ailleurs et au Vietnam Quand un gamin tombe Eparpillant le soleil Cristal de référence De son essence Éventré En éventail Écarlate Et que la mère Entrailles qui éclatent Succombe Sous les rires… Pour ne pas rire Tout ça pour dire Que d’aucuns pensent, trop souvent encore Qu’éclat sans âme Quand il se brise Au Vietnam À domicile Ou ailleurs, le cristal Éclate en tonitruants éclats de rires… Qui s’éclatent la rate Pour dire qu’il n’a pas mal Erreur ! Aucune miette N’est sourde ou muette… Quand la morsure du déni De vie l’émiette à vie De la moelle atteinte En cas de bris… Sous la silhouette Qui peut sembler flottante et fluette… Sourdent mille cris: Tous les bruits, Tempêtes Gémissement, plainte Craquement d’os Casse, et cœur de la planète Qu’on désosse Sans essayer le moins du monde De vous soudoyer… de vous ennuyer Avec des miettes Essayez donc de casser une assiette ! Vous voyez ?… Un monde tombe à vos pieds Si en plus l’objet brisé A quelques particularités Une âme singulière Banal à souhait.. Mais hérité Cristal, poterie, verre soufflé Reçu de quelqu’un qu’on aime Ou rappelle un être cher trop tôt parti Par ricochet Vous voyez d’ici La peine et les regrets La perte amère et tous les préjudices Causés en chaîne Que votre cœur en miettes aura à lécher ! Rosée, je ne sais pas pleurer La rose et le rosier ! Je ne pleure pas les étoiles assassinées Pleure-les pour moi Leurs pleurs pleuvent en moi Pendant que tu y es… Pleure pour moi Les étoiles assassinées Leurs pleurs pleuvent en moi Les soleils couchés … Le geste amoché Pleure-les aussi pour moi Ils pleurent sur toi, sur moi, sur les toits Leur désordre et bris en grand orchestré Brûle de leur pluie Lourde L’ordre des rayons galaxie De mes pupilles Accrochée à leur vie Les vies, ailes cochées Je les pleure en moi… Pour toi, pour elles, pour moi Pleure Les fleurs trépassées… Je ne sais pas pleurer Rosée Pendue au cou du rosier… Dont je suis arrosée Je ne sais pas pleurer La rose, le rosier et la rosée J’ai beau raisonner Mon œil Paupière Arraisonnée Où se mêlent Eau de mer A sec d’eau non amère Mélange improbable Sève amère Prunelle Epine, sable, Pétale et pollen Des plaines Etamine de laine Duvet de plume Ongle marine colline Stèle, écume Nœuds losange Coquille d’œufs songe De mésange Triangle isocèle Sel Morsure cruelle Du beau en deuil Je pleure Les étoiles, nuit ensemencées Les soleils, arbres ardents défoncés Les vies élaborées élancées Sur lesquelles lierre, dents et fer Se sont élancés… Qui va les ramasser ? Je pleure Les fleurs mâchoire fracassée Même que leurs larmes c’est moi Mais ce n’est pas assez ! Lassées De toujours recommencer Pour être fracassées… Si elles allaient cesser De pousser ?? Haut du formulaire Bas du formulaire 2018-03-03 Mohamed Salah Ben Amor Partager ! tweet