Miettes/Rosée, je ne sais pas pleurer : deux nouveaux poèmes de Fatima Maaouia – poète tuniso-algérienne –Tunis

Fatima Maaouia

Miettes

 

Je ne suis pas Auteur de miettes…

Non, je regrette !

Même, si parfois 
Pour prolonger leur vie
Lorsqu’elles ont trop froid
Et crient 
Il m’arrive volontiers d’en ramasser 
Quelques paillettes 
Qui brillent
Que je mets dans mes écrits.

Je ne suis pas auteur de miettes…
Même, si par ailleurs
Suis souvent en miettes
Dont je ne suis en rien l’auteur

Je ne suis pas auteur 
A la sauvette de miettes
Que souvent 
Je recueille, sauve des vents 
Tempêtes et feuillette
Pour voir ce qu’il y a de vivant dedans
Qu’on rejette
Pour la raison
Qu’une simple miette très souvent
M’émiette

En ramassant 
Un éclat de verre …qui se brise
Je me mets toujours à hauteur 
Douleur et surprise 
De la clameur 
De ses cris perçants

Un cristal qui tombe
Ça me rappelle toujours le napalm
Et les bombes
Ailleurs et au Vietnam 
Quand un gamin tombe
Eparpillant le soleil
Cristal de référence 
De son essence 
Éventré 
En éventail
Écarlate 
Et que la mère
Entrailles qui éclatent 
Succombe
Sous les rires…
Pour ne pas rire

Tout ça pour dire 
Que d’aucuns pensent, trop souvent encore
Qu’éclat sans âme 
Quand il se brise 
Au Vietnam
À domicile 
Ou ailleurs, le cristal
Éclate en tonitruants éclats de rires…
Qui s’éclatent la rate
Pour dire qu’il n’a pas mal

Erreur !

Aucune miette
N’est sourde ou muette…
Quand la morsure du déni 
De vie l’émiette à vie

De la moelle atteinte
En cas de bris…

Sous la silhouette
Qui peut sembler flottante et fluette…
Sourdent mille cris:

Tous les bruits, 
Tempêtes 
Gémissement, plainte
Craquement d’os
Casse, et cœur de la planète
Qu’on désosse

Sans essayer le moins du monde 
De vous soudoyer… de vous ennuyer 
Avec des miettes

Essayez donc de casser une assiette !

Vous voyez ?…

Un monde tombe à vos pieds

Si en plus l’objet brisé
A quelques particularités 
Une âme singulière 
Banal à souhait..
Mais hérité
Cristal, poterie, verre soufflé 
Reçu de quelqu’un qu’on aime
Ou rappelle un être cher trop tôt parti

Par ricochet
Vous voyez d’ici
La peine et les regrets
La perte amère et tous les préjudices
Causés en chaîne 
Que votre cœur en miettes aura à lécher !

Rosée, je ne sais pas pleurer  

La rose et le rosier !

Je ne pleure pas les étoiles assassinées

Pleure-les pour moi
Leurs pleurs pleuvent en moi

Pendant que tu y es…

Pleure pour moi
Les étoiles assassinées
Leurs pleurs pleuvent en moi

Les soleils couchés …
Le geste amoché
Pleure-les aussi pour moi

Ils pleurent sur toi, sur moi, sur les toits

Leur désordre et bris en grand orchestré
Brûle de leur pluie 
Lourde
L’ordre des rayons galaxie
De mes pupilles

Accrochée à leur vie
Les vies, ailes cochées
Je les pleure en moi…
Pour toi, pour elles, pour moi

Pleure
Les fleurs trépassées…
Je ne sais pas pleurer

Rosée
Pendue au cou du rosier…
Dont je suis arrosée
Je ne sais pas pleurer
La rose, le rosier et la rosée

J’ai beau raisonner
Mon œil
Paupière 
Arraisonnée
Où se mêlent
Eau de mer
A sec d’eau non amère 
Mélange improbable
Sève amère
Prunelle 
Epine, sable,
Pétale et pollen
Des plaines
Etamine de laine 
Duvet de plume
Ongle marine colline
Stèle, écume
Nœuds losange
Coquille d’œufs songe 
De mésange 
Triangle isocèle
Sel
Morsure cruelle
Du beau en deuil

Je pleure
Les étoiles, nuit ensemencées
Les soleils, arbres ardents défoncés
Les vies élaborées élancées
Sur lesquelles lierre, dents et fer 
Se sont élancés…

Qui va les ramasser ?

Je pleure
Les fleurs mâchoire fracassée

Même que leurs larmes c’est moi

Mais ce n’est pas assez !

Lassées

De toujours recommencer
Pour être fracassées…

Si elles allaient cesser
De pousser ??

Haut du formulaire

Bas du formulaire

 

Répondre

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont marqués d'une étoile *

*