Les archives des commentaires poétiques de Mohamed Salah Ben Amor : 2-Les poèmes d’Alain Minod : 2-7 :L’horizon lève des abîmes

Alain Minod

Le halo de ta demeure

Remuant au hameau de la douceur –

Où tu lézardes comme l’écume

Qui se hasarde à

Y mourir –

Pousse le train des mots

Que tu assumes

Dans la longue

Durée

D’un partir

Jusque dans les laves

Qui fouettent la nuit en fermant

Les portes glaciales

L’ennui

 

La ville – nid des solitudes

Renie toute certitude –

Mais elle couvre

Les amants qui –

Du mystère –

Sont le

Ciment

 

Vas donc y creuser ses abîmes

Où se cherchent et

Tremblent

Tes rimes

Jusqu’à Terre

Qui cache ses yeux profonds –

Et tu ne lâcheras pas

Le fond

 

Grands soubresauts dans le futur

Où tu ne tiens les sauts

Saturant le monotone

Que là où s’évanouit

L’atone présence –

Ainsi – l’existence

Des songes

Crevasse

L’allonge des jours

Dans une insurrection de beauté

D’où l’on tire le flot étiré

De l’horizon-liberté

 

Pourquoi écrit-ton la poésie ? Il y a autant de réponses à cette question que de vrais poètes dans le monde depuis l’apparition du premier poème présumé : L’épopée de Gilgamesh  rédigé par un poète babylonien inconnu en  akkadien    au XVIIIe ou au XVIIe siècle av. J.‑C  . Alain Minod y répond  à sa façon  dans ce poème-manifeste . Fidèle , comme à son accoutumée , aux principes avant-gardistes de l’écriture expérimentale , il pousse l’acte langagier dans des sentiers non-battus , en faisant éclater les associations établies entre les mots dans le langage commun pour les remplacer,  à chaque pas , par des combinaisons inédites qui ouvrent sur des mondes inexplorés  (le halo de ta demeure remuant au hameau de la douceur – où tu lézardes comme l’écume qui se hasarde à y mourir – grands soubresauts dans le futur où tu ne tiens les sauts saturant le monotone  que là où s’évanouit l’atoneprésence – ainsi – l’existence des songes …etc.…. ). Néanmoins, cette pratique linguistique dont l’effet majeur est la fascination du lecteur ou l’auditeur, ne suit pas une démarche aléatoire guidée par le hasard mais s’incruste dans un édifice dûment architecturé  dont l’ossature et les axes centraux sont facilement saisissables par le récepteur , contrairement à ce qui se produit dans l’écriture surréaliste qui n’obéit généralement qu’aux fluctuations du hasard . Ainsi , les grands pivots sémantiques  autour desquels s’articule ce poème sont clairs : les différents bienfaits que procure l’écriture au poète   et que l’on peut ramener à trois  : son effet exutoire qui consiste à soulager le poète  , en l’allégeant des affres de la solitude et surtout l’ennui et la sensation d’égarement qui pèsent lourdement sur son âme au milieu  d’une  société citadine anonyme , son ouverture sur un univers de beautés enchanteresses et de plaisirs spirituels voluptueux ,   son action libératrice  qui délivre le poète du carcan de la vie quotidienne et ses préoccupations insipides et abrutissantes . Enfin, encore un poème bien structuré, habilement conçu, finement élaboré où  aucun détail n’est superflu  ou laissé au hasard .

 

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