Trois nouveaux poèmes de Fatima Maaouia –poétesse tuniso-algérienne -Tunis

Fatima Maaouia

 

 

Mon café

Mon café est trop clairet et refroidi 
Vais en faire un autre bien serré 
Pour m’ réveiller. 
Ah, si on pouvait refaire 
De la même manière 
Tant de choses qui clochent sur terre
Pour changer l’atmosphère
Repartir à la conquête des cœurs 
De l’Algérie au Tibet,
Rectifier les erreurs,
Redresser les fleurs
Que le froid broie

De la joie !
De la joie !
Du piment ! De la magie !
De l’énergie !
Des couleurs ! Des couleurs 
Et de l’air !
Droit à la vie !!
Molécules, suc et argile feu refroidi !

 

J’ai vu un pays 

J’ai vu un pays 
Confiant, soleil haut
Si beau 
Que j’ai eu un sanglot

Le plus beau 
Planté d’arbres drapeaux :
Grand bonjour !
Tous debout !
Amitié ! Paix !
Regardez autour de vous
Plus de vautours, ni de loups !
Fait rare, 
Oiseaux,

Art 
Et fleurs
Partout !

Là, j’ai eu peur 
Et n’ai pu m’empêcher de faire un écart. 
C’est quoi ce bazar?

A tout hasard…
Me suis mise 
A chercher bombe, couteaux…
Regard noir, dard de poignard 
Loquet, poison ou mousquet
Qu’une main criminelle et grise
Embusquée quelque part
Aurait caché dans un bosquet 
Une église, 
Une école ou une mosquée !

Hélène de Troie…

Il eut  autrefois

Dans l’histoire des hommes

Hélène de Troie…

Qui affola patelins et royaumes

Et mit les hommes dans les pommes

Pour ses beaux yeux

Des batailles épiques

De dieux,

De diables,

De princes et de rois

Eurent lieu

Du feu,

Du feu,  des chevaux hennissants,

Des flèches,  des piques, des pieux,

Des corps gémissants

Du sang, tendon d’Achille

Épandu,  éperdu par tonnes

Jusqu’en… Chine.

Qui autant

N’en demandait pas autant

De  cordon et de fil

Pour ses cantons… pas mécontents au fond du filon

Qu’ils prirent pour argent comptant

Soie et porcelaine fine

Sortirent de ses doigts habiles

Rien qu’en  recyclant fibres, dents

Et ossements de  fervents chevaliers servants

En textile
Acculée à vivre avec

A partir de la récup,

Elle  fit en vrac  draps, jupes, fusées,  sacs…

Casseroles, bols, bateaux, avions, autos, vins, ammoniaque 
Et l’on s’étonne

Que la Chine soit, du monde, l’usine !

Et que malgré la guerre de l’opium

Ses cheminées  qui jamais ne chôment

Fument l’uranium!

 

Tout ça à cause d’une hurluberlue Hélène de Troie…

Enfin je crois…

Et pour les plaines à glu

Et à poix Sûr et certain, cette fois

Un autre cheval de Troie Machin

Appelé jasmin

Gnome menaçant

Gesticulant et grimaçant,

Brodé au point de croix

Fieffé coquin

Grimé en fleurs …

De coin en coin

En son for intérieur

Clé anglaise

Et pince monseigneur

Pointées l’assaut des plaines et glaises

Montées blêmes mayonnaises

Le jasmin, sorte de raccourci technologique

En quelque sorte

Qui allait nous ouvrir en musique les portes

Du destin

Nous sortir du pétrin

Atavique

Las, à sec de soleil

Pour payer taxe de sel et facture officielle

Même le ciel

N’y peut rien !

 

 

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