Célina par : Rémy Ducassé dit Erdé –Bastia -France

Célina, une de ces femmes nées au début du 20ème siècle  et qui ont vécu héroïquement les deux grandes guerres.

Célina avait 12 ans en 1914 et elle allait travailler au début à l’usine textile, puis ensuite à la poudrière pour fabriquer les obus que nécessitait la guerre.

Je l’ai toujours connue ainsi, bavarde juste ce qu’il faut. Rieuse malgré le temps, pluie ou vent, courageuse durant toute sa vie. Chaque jour qui se levait pour Elle le monde était comme neuf. Un mètre et un peu plus de fermeté et d’ardeur.

Canneteuse, tisseuse, ourdisseuse, bonne à tout faire et Elle faisait tout bien. Même servir une de la haute – maison grand standing en plein pied au milieu d’un parc et petit, tout petit salaire. Il faudrait plus que quelques lignes pour la décrire en entier. Bref, ce qui suit va à l’essentiel…

Rémy Ducassé dit Erdé

 

An 23, du siècle qui précède

T’avais vingt et un printemps.

Ce n’était pas fleuri tous les jours

Un malotru déjà en ces temps

J’aurai pu mieux dire, maléfique

Laissa son empreinte génétique

En forçant ta naïve virginité. 

 

Plus qu’aujourd’hui, pensez

Ce n’était pas drôle, pourtant

Célina, ô Célina…

T’ai jamais vue, ni entendue

En pleurer, pleurer jamais.

 

Quartier St Jean, banlieusarde déjà,

Ils t’ont tous lâches laissée tomber

Avec à leurs yeux l’encombrant

Immoral paquet, père, belle-mère

Sœur et frères, la honte sur eux

Qu’ils disaient, t’avais fait tomber

La copine tisseuse a ouvert, sa porte. 

 

« Faï plà, è laïssa dirè… »

Célina, ô Célina

Ce n’était pas drôle, pourtant

T’ai toujours vue, et entendue

En rire, rire toujours.

 

Dimanche, c’était un saint Honoré

La fois suivante, un Paris Brest.

C’était bien ainsi, d’être réglé ;

Sur ton « vélosoleil » t’avais inventé

Ce joli nom poétique, cela nous faisait

Toujours gentiment, promis je le jure

Célina, ô Célina rire et sourire…

 

Nuit fin de siècle précédent

Sans rien dire à personne, sauf

Murmure que t’étais bien fatiguée

Ce n’était pas drôle, pourtant

Légère tu t’es endormie.

 

Là-bas de là où tu es 

Si tu m’entends, 

Je te le promets,

Tu es le secret de mon cœur

Célina, ô Célina

Jamais je ne leur dirai 

Qui tu es, non, jamais…

 

« Faï plà, pitchoùn è laïssa dirè ».

 

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