Après la haine par : Abdelaziz Benzid –Eulma (Sétif) –Algérie

Abdelaziz Benzid

 

Dans dix ans, dans vingt ans,

Quand les haines et les passions

S’apaiseront, noyées par les ans,

Quand les blessures auront guéri,

Quand les plaies se fermeront,

J’irai sur cette lointaine colline 

Maltraitée par les glacials vents 

Me recueillir sur cette tombe esseulée

Rongée par les herbes folles,

Et oubliée par le temps.

Souvent, quand les nuits d’hiver 

Deviennent pesantes et longues 

Loin et seul dans mon noir exil

J’ai plusieurs fois voyagé,

Juste dans ma folle tête

Jusqu’à cette tombe oubliée,

Qui n’attend plus personne

Pour déposer un peu de bruyère,

Qui ne résistera pas aux vents.

Et l’espace d’un furtif instant 

Ma main s’allonge malgré moi

Comme pour retenir quelqu’un

Qui s’éloigne, emporté 

Dans le brouhaha du néant.

Mais rien de tout cela n’arrivera.

Les haines et les passions 

Seront toujours là en sentinelle.

Les blessures résisteront au temps.

Les plaies deviendront profondes

Et cette tombe restera peut être à jamais

Là, seule défiant les ans

Sur cette colline lacérée par les vents.

Je serai toujours dans mon pénible exil

A faire des voyages dans ma tête,

A vouloir déposer une gerbe de bruyère

Pour défier les terribles vents.

Ma main s’allongera toujours en vain

Pour essayer de retenir le néant

Vaincue par la marche du temps.

Et à chacun de mes éveils en sursaut,

La réalité est toujours là, veillant :

« La tombe sur la colline est toujours loin ».

Le pèlerin égaré, un jour sur le chemin

Passera devant cette triste colline 

Toujours malmenée par les vents, 

Jettera un ultime et attendrissant regard 

Vers deux vieilles tombes en ruine, 

Côte à côte défiant le temps.

Je serai là, dans l’autre tombe 

Atténuant ta pénible solitude

Et nous admirerons pour l’éternité

Ce soleil qui se couche rougeoyant

Sur la campagne qui s’endort au loin.

 

 

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