Oued en vinyle : Mokhtar El Amraoui – Bizerte –Tunisie

Mokhtar El Amraoui

Coulerais-tu encore en vinyle 
Comme l’oued qui m’habite ? 
Ces carrés bleus. Ah ! Le cimetière ! 
Il  faisait très beau, ce jour-là 
Et les fleurs m’ont parlé de courbes,  
De parfums  
Et d’enterrement. 
Il y aura toujours deux possibilités, quand on saute à la marelle : 
Coller au goudron étincelant  
Ou s’envoler  vers l’œil du ciel, 
Vers ce que fut mère, vers ce qui fit père. 
Les pigeons dansaient  leurs vagues en solives. 
Quand démarrait la traction. 
Toujours ce parfum de pain des ruelles qui m’habille, ailé de toi. 
Aux recoins de mon désir en fleurs et nuages pressés, 
Ta chevelure en blé et tes courbes en dunes 
Et ce cyprès coquin blotti au creux de tes appels,  
De tout ce qu’il m’était interdit de deviner en toi, de toi. 
C’était comme des jets d’eau dans mes vertèbres et neurones. 
En toi, ma part de bleu. 
Toutes mes minutes fleurs. 
Vénus en haillons arpentait les ruelles.  
Reine de village. 
Roulis rose. Toujours ce retour ailé vers le château d’eau ! 
Rêve d’océan et de massifs tachés d’encre des cahiers. 
Le sang aussi aboyait  ses fauchés aux rêves encore en grains 
A peine bercés de terre naissante ! 
Chaque jour, des gourbis s’écroulaient 
Et fusaient les deuils sans seuils ! 
Je te laisse inventer inviter  les couleurs ! 
Tous ces matins d’écoliers  
Où la bouse ponctuait la pente menant à la poste  
Ah ! Les timbres tant attendus ! 
Colle et sperme !  
La grenouille alors sauta en un éclair de lucidité.  
Il faudra attendre la buée pour les arabesques ! 
Quand ça meuglait froid, à l’aube vers l’abattoir. 
Une chape. Désir des loups de canicule.  
Vinrent toutes ces nuits carnivores sans bougies. 
Le froid dépèce la chair. 
Epineux ascendants. 
Tous ces échos qui hurlent. 
Ils sont venus ramasser tes rêves vomis,  
A l’aube de tes graphies !

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