Poème du jour (Nouvelle série) no 63 : Parfum par: Mohamed Bouhouch – Tozeur – Tunisie

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Mohamed Bouhouch – Tozeur – Tunisie

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Prologue: 

 « C’est la flamme de l’Amour qui m’a embrasé, /c’est le vin de l’Amour

qui m’a inspiré, / veux- tu savoir comment saignent les amants ? /

Ecoute, écoute le roseau. »                                Jalaleddine El – Roumi.

 

 

Une femme dans ma nuit

Une femme de lune, m’éblouit

Nue comme la neige, sans bruit…

 

Désir qui coule à flot, et s’arrête

Surgit pour moi dans ma tempête,

J’invoque la foudre guerrière

J’appelle le sang, et le tonnerre,

Et je pousse un cri de l’âme

Pour qu’elle s’enflamme…

 

Une femme en robe de nuit,

Allume la cire de mes bougies,

Dépose son parfum,

Dans tous les coins.

 

Une femme sous les ailes du rêve,

Fait ses prières, mais l’aube se lève

Puis tout s’enflamme,

Et meurt dans l’oubli.

 

Commentaire de Mohamed Salah Ben Amor:

 

Quelle est cette femme inconnue et énigmatique que le poète  voit sous des aspects oniriques nébuleux différents effleurant le mythe  (une femme dans ma nuit –   une femme de lune – nue comme la neige – une femme sous les ailes du rêve )  et qui n’a  presque rien de  la femme ordinaire en chair et en os,  à part cette seule référence vague  à la robe  (une femme en robe de nuit )  ? En vérité, son  allure brumeuse laisse à penser  qu’elle se trouve à l’intérieur du locuteur et non dans le monde matériel et objectif  qui l’entoure. Elle a  effectivement tout l’air  de ce côté féminin qui fait partie intégrante de tout individu de sexe masculin et que les psychanalystes appellent « Anima »  par opposition à son côté purement masculin qu’ils nomment « Animus » . Et cette présence féminine à l’intérieur de la psyché  masculine n’est, en réalité,  qu’un résidu  inconscient de  l’image lointaine de la mère  enfouie au fond de la mémoire et qui émerge à la surface de la conscience chaque fois que les atrocités  de la vie s’intensifient. Il ne s’agit donc  probablement  que d’une projection de cette image  lointaine à l’extérieur du moi dans l’espoir de s’alléger du fardeau des frustrations et des inhibitions. Ce qu’appuie  fortement la notion de parfum apposée intentionnellement dans le titre et qui est typiquement féminine. Côté style, le poète, au bout un effort d’abstraction très soutenu  et grâce à  sa culture soufie approfondie, a réussi à élever sa langue  à un haut degré de poéticité.

 

 

 

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